Créatures à Dublin
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Créatures à Dublin
Bonjour à tous !
Étant donné que ce forum est de plus en plus désert, j'espère que y poster une fiction supplémentaire est un moyen de le ressusciter comme il se doit ... 8D
Bref, trêve de bavardages, voici la présentation de cette fiction !
Nota Bene : La lecture nécessite une connaissance des jeux vidéos Professeur Layton, ne serait-ce que connaître les personnages principaux et le cadre de leurs aventures. Si ce n'est pas le cas, vous risqueriez de ne pas comprendre certains détails ...
/!\ ATTENTION CEPENDANT ! L'histoire peut contenir des spoils des jeux, autrement dit elle risque de faire des références à des passages des jeux PL ! Si vous tenez au suspense, ne lisez pas tout de suite ! /!\
Oh, une dernière chose : à partir du tome 2 (environ), les spoils (surtout sur le Destin perdu) risquent de se faire de plus en plus nombreux. Pour le tome 3, avoir FINI le Destin perdu est OBLIGATOIRE afin de pouvoir tout comprendre.
Nota Bene (bis) : Si vous n'avez pas le jeu, que vous ne connaissez rien de l'univers mais que vous voulez absolument lire, rien ne vous empêche de vous renseigner avant sur les personnages. Si vous le désirez, j'ai ajouté juste avant le Prologue une présentation complète des quatre personnages principaux.
Alors que le professeur Layton, suite à une invitation de son jeune apprenti Luke Triton, pouvait s'autoriser un congé bien mérité à Dublin, de mystérieuses créatures encore jamais aperçues sur Terre font leur entrée. Proposant donc par la même occasion un nouveau mystère à élucider au professeur, amateur d'énigmes.
Cependant, il est difficile de mener une enquête lorsque la sécurité oblige à rester cloîtré dans sa chambre d'hôtel ...
Ces créatures, qui sont-elles ? Que veulent-elles, et pourquoi s'attaquent-elles à la ville ?
Et qui est cette jeune adolescente qui semble si bien les connaître ? Pourquoi refuse-t-elle de les aider ?
Je tiens à remercier L'escargot pitoyable et MBP de Pokébip car c'est leur fiction collective qui m'a motivée à écrire ! Car oui, je trouvais au départ cette idée complètement farfelue et indigne d'être rédigée ...
Leur lien ici, pour les intéressés.
Partie I : Créatures à Dublin
Partie II : V comme Voyages (à venir)
Partie III : Boucles à boucler (à venir)
Nota Bene (ter) : Si vous voyez cette superbe *ZBAAF* réplique du haut-de-forme du professeur Layton, cela désigne une séparation entre ce qui se passe avant et ce qui se passe après. Un flashback, un changement de lieu etc. Si c'est devant une date, c'est juste pour faire joli et mieux faire ressortir.
Nota Bene (quater ? %D) : Peut-être éditerai-je certains chapitres en ajoutant des illustrations. Line by moi, coloration by une amie de Pokébip, qui est ravie de se faire embaucher.
Nous tentons bien sûr toutes deux de conserver le style du jeu, cela va de soi.
Bref, passons aux chapitres tant attendus ! (oopas) ~
Présentation des personnages principaux (au cas où)
Prologue
Chapitre I – Étranges trouble-fête
Chapitre II – Coincés
Bonne lecture ! En tout cas, c'est tout pour aujourd'hui !
Étant donné que ce forum est de plus en plus désert, j'espère que y poster une fiction supplémentaire est un moyen de le ressusciter comme il se doit ... 8D
Bref, trêve de bavardages, voici la présentation de cette fiction !
Nota Bene : La lecture nécessite une connaissance des jeux vidéos Professeur Layton, ne serait-ce que connaître les personnages principaux et le cadre de leurs aventures. Si ce n'est pas le cas, vous risqueriez de ne pas comprendre certains détails ...
/!\ ATTENTION CEPENDANT ! L'histoire peut contenir des spoils des jeux, autrement dit elle risque de faire des références à des passages des jeux PL ! Si vous tenez au suspense, ne lisez pas tout de suite ! /!\
Oh, une dernière chose : à partir du tome 2 (environ), les spoils (surtout sur le Destin perdu) risquent de se faire de plus en plus nombreux. Pour le tome 3, avoir FINI le Destin perdu est OBLIGATOIRE afin de pouvoir tout comprendre.
Nota Bene (bis) : Si vous n'avez pas le jeu, que vous ne connaissez rien de l'univers mais que vous voulez absolument lire, rien ne vous empêche de vous renseigner avant sur les personnages. Si vous le désirez, j'ai ajouté juste avant le Prologue une présentation complète des quatre personnages principaux.
Alors que le professeur Layton, suite à une invitation de son jeune apprenti Luke Triton, pouvait s'autoriser un congé bien mérité à Dublin, de mystérieuses créatures encore jamais aperçues sur Terre font leur entrée. Proposant donc par la même occasion un nouveau mystère à élucider au professeur, amateur d'énigmes.
Cependant, il est difficile de mener une enquête lorsque la sécurité oblige à rester cloîtré dans sa chambre d'hôtel ...
Ces créatures, qui sont-elles ? Que veulent-elles, et pourquoi s'attaquent-elles à la ville ?
Et qui est cette jeune adolescente qui semble si bien les connaître ? Pourquoi refuse-t-elle de les aider ?
Je tiens à remercier L'escargot pitoyable et MBP de Pokébip car c'est leur fiction collective qui m'a motivée à écrire ! Car oui, je trouvais au départ cette idée complètement farfelue et indigne d'être rédigée ...
Leur lien ici, pour les intéressés.
Partie I : Créatures à Dublin
Partie II : V comme Voyages (à venir)
Partie III : Boucles à boucler (à venir)
Nota Bene (ter) : Si vous voyez cette superbe *ZBAAF* réplique du haut-de-forme du professeur Layton, cela désigne une séparation entre ce qui se passe avant et ce qui se passe après. Un flashback, un changement de lieu etc. Si c'est devant une date, c'est juste pour faire joli et mieux faire ressortir.
Nota Bene (quater ? %D) : Peut-être éditerai-je certains chapitres en ajoutant des illustrations. Line by moi, coloration by une amie de Pokébip, qui est ravie de se faire embaucher.
Nous tentons bien sûr toutes deux de conserver le style du jeu, cela va de soi.
Bref, passons aux chapitres tant attendus ! (oopas) ~
Présentation des personnages principaux (au cas où)
- Spoiler:
- Le professeur Hershel Layton :
Le parfait exemple du gentleman londonien. Professeur
d'archéologie à l'université de Gressenheller depuis l'âge record de 27
ans, il passe - de très loin - pour l'homme le plus intelligent du
Royaume-Uni face à ses capacités de réflexion hors du commun et le
nombre d'affaires toutes plus complexes les unes que les autres qu'il a
résolues. Il apprécie particulièrement le thé, et ne se sépare jamais de
son haut-de-forme. La raison est due à son obtention : Claire, son
ancienne petite amie, le lui avait offert moins d'une heure avant sa
mort tragique lors d'une expérience sur un prototype de machine à
voyager dans le temps. (Plus de détails dans le jeu Professeur Layton : le Destin perdu) En partant de la date de la fiction, ce jour funeste s'était déroulé un peu moins de douze ans auparavant.
Autre petite chose : il a des talents tout particuliers en escrime, bien
qu'il n'aime pas particulièrement se battre. Il a 39 ans dans la
fiction.
Pourquoi est-ce que j'ajoute "dans la fiction" ? Parce que tout ceci se passe en 1975 ... ~
Luke Triton :
L'apprenti du professeur. 15 ans (13 dans les jeux), il
est également particulièrement intelligent, bien qu'il ne se sente pas à
la hauteur face à son mentor, qu'il prend comme un véritable modèle et
suit comme son ombre. Du moins, jusqu'à ses 13 ans, car peu après une de
ses affaires résolues (le Destin perdu, d'après le nom du jeu),
son père a été muté à l'étranger et il a dû se séparer de l'archéologue,
qui était devenu bien plus qu'un mentor pour lui. Bien qu'il vise à
être un gentleman, il ne peut parfois s'empêcher de se montrer insolent.
Autres petits plus : il ne se sépare jamais de sa casquette bleue, joue
du violon (bien que ce détail n'ait jamais été que "mentionné" par les
jeux), et il a un don tout particulier avec les animaux, si bien qu'il
est capable de les comprendre et de leur parler.
Ne me demandez pas comment il fait, ce n'est que la logique du jeu (qui
est censé être, il ne faut pas oublier de le rappeler, un jeu de logique
avant tout. %D) ~
Emmy Altava :
L'assistante du professeur. Vers les 25 ans, cette jeune lady
a pourtant tout d'un garçon manqué. D'ailleurs, c'est par sa propre
volonté et uniquement par sa propre volonté qu'elle est devenue
l'assistante du gentleman. Tout ce qu'elle lui dit lorsqu'elle lui
raconta qu'elle était désormais son assistante : " J'ai simplement dit que je voulais être votre assistante, et que je n'acceptais aucun refus. "
Ses talents en arts martiaux ont d'ailleurs montré qu'il valait mieux
en effet ne pas la contrarier. Elle a une passion toute particulière
pour la photographie, aussi ne se sépare-t-elle jamais de son appareil
photo fétiche. Bien évidemment, elle reste une lady polie et réfléchie, bien qu'elle soit parfois ... « hyperactive », disons. Par ailleurs, elle aime beaucoup taquiner Luke en le traitant de " second assistant " (car, en effet, Luke a connu le professeur seulement quelques heures après elle).
Flora Reinhold :
Jeune orpheline, descendante d'un riche baron. Elle a été recueillie par le professeur à partir du tout premier jeu (L'étrange village), et est très attachée à lui, bien qu'elle soit souvent délaissée lors des enquêtes pour sa sécurité. Elle est une véritable lady de 16 ans (14 dans les jeux), mais peut être parfois un peu trop franche et directe avec les inconnus.
Autre détail à déplorer chez elle : à part le thé, elle ne sait pas
cuisiner, et ses plats ont la curieuse propriété de donner la nausée.
Malheureusement, la cuisine est pour elle une passion, et elle ne se
rend absolument pas compte de cette lacune, préparant toujours ses plats
le sourire aux lèvres.
NOTA BENE : Les " grandes " images sont tirées des jeux officiels, et je n'en suis aucunement l'auteur. Les " petites " sont de moi, animées grâce à un ami de Pokébip.
Prologue
- Spoiler:
- « Cher Professeur Layton,
Cela fait si longtemps que nous ne nous sommes plus vus ! Je me trouve actuellement dans un hôtel de Dublin avec ma famille. Dans quelques semaines, la fête du 17 mars sera prête, j'ai tellement hâte ! C'est pourquoi, avec l'accord de mes parents, je suis ravi de vous inviter prendre un séjour dans la capitale de l'Irlande, vous et Flora. J'ai également invité Emmy, votre assistante. Je tenais à ce que nous soyons tous réunis pour cette fête qui s'avère si prestigieuse !
Je compte sur vous.
Votre apprenti, Luke Triton »
Le professeur releva son haut-de-forme, regardant le soleil frais du matin. Frais, mais beau pour un début de mois de mars, les averses semblaient loin. Il sourit, appela une jeune fille, lui annonçant leur départ imminent pour l'Irlande.
« Un peu de repos ne vous fera pas de mal ! rit celle-ci, heureuse que son « père » adoptif puisse enfin prendre congé de son travail épuisant.
- Tu as raison, Flora ... Cependant, j'ai comme un pressentiment ...
- Oh, Professeur ! Vous êtes toujours si angoissé ... Je pense que cette invitation arrive exactement au bon moment ! »
Elle sembla réfléchir, avant d'ajouter :
« Je sais ! Je vais vous faire du thé ! »
Le professeur Layton s'apprêtait à répliquer, mais l'adolescente était déjà partie comme une flèche vers la cuisine.
« Toujours aussi enthousiaste ... », murmura-t-il pour lui-même, esquissant un sourire. Il rangea – pour une fois – ses livres, puis se dirigea vers le téléphone afin de prévenir de son absence l'université de Gressenheller où il enseignait. Ceci fait, il monta les escaliers vers sa chambre et boucla ses valises.
« Professeur ... J'ai entendu dire que les irlandais parlaient étrangement*, est-ce vrai ? demanda Flora.
- Eh bien, j'ai moi aussi entendu de telles histoires venant de touristes, mais il ne s'agit que d'un « accent », nous ne devrions pas avoir trop de problèmes à converser ...
- Je suis rassurée ... »
Ce sont sur ces mots que deux silhouettes sortirent d'une maison de Londres, prenant un bus pour la gare, puis le port de Holyhead, le plus proche de leur destination.
Note :
* : En effet, les Irlandais ont un accent très différent des Britanniques.
Chapitre I – Étranges trouble-fête
- Spoiler:
- « Professeur, Professeur ! »
L'adulte accompagné de Flora portait deux valises, une dans chaque main. Le duo sortait à peine du couloir qui menait au port que le jeune adolescent l'avait déjà repéré, et commençait tout joyeux à courir à leur rencontre. Sans réfléchir, il se précipita vers son mentor, qui eut le plus grand mal à se maintenir en équilibre.
« Luke, enfin ! Hershel est à peine arrivé que tu lui sautes déjà au cou ... »
Le jeune garçon inclina la tête face à ces paroles de son père et s'excusa du mieux qu'il put.
« Ce n'est rien, Luke. Fais juste attention la prochaine fois ! rit le gentleman, un sourire aux lèvres.
- Eh bien, on dirait que vous êtes plus rapides que moi ! »
Prochaine fois qui ne tarda pas. Emmy venait d'apparaître, aussi joyeuse que les autres. L'adolescent l'appela de même et commença à courir à sa rencontre ... avant de s'arrêter, se rendant compte de l'erreur qu'il était sur le point de recommencer. Tout le monde ria de bon cœur. Après tout, ils ne s'étaient pas vus depuis si longtemps, il était juste trop enthousiaste pour penser aux conséquences de ses actes.
L'assistante du professeur se tourna finalement vers la seule personne du groupe qu'elle ne connaissait pas encore.
« Tu es Flora Reinhold, je me trompe ? »
L'intéressée sursauta légèrement, avant d'acquiescer timidement. La jeune adulte esquissa un sourire.
« Appelle-moi Emmy. Enchantée !
- Enchantée ... »
Les deux filles se serrèrent la main avant de sourire. Flora rougit légèrement.
17 mars 1975Un seul mot pouvait résumer le spectacle en entier : VERT. Des centaines, voire des milliers de musiciens et autres artistes en tous genres défilaient dans les plus grandes avenues de Dublin. Finalement, Luke avait pu accueillir ses trois invités au port avec un sourire dont il n'avait encore jamais égalé la joie. Cela faisait peut-être ... Deux ans, voire plus, qu'il n'avait plus vu le professeur et Flora. Au moins trois ans supplémentaires pour Emmy Altava, assistante du professeur Layton.
Celle-ci était ravie, ayant tout son temps pour prendre les plus belles photographies que lui permettait son appareil dont elle était si fière. Luke et Flora se gavaient de crèmes glacées, malgré les avertissements du professeur. En effet, par un mois si instable et frais qu'est le mois de mars, ils auraient tôt fait d'attraper un rhume ...
Quoique le fond de l'air demeurait frais – ce qui était tout-à-fait normal pour la saison – l'ambiance ne pouvait pas être plus chaleureuse. Des cris, des chansons, des applaudissements, des bruits de pas en rythme venaient de partout. La joie régnait en maître sur toute la capitale, si ce n'est sur tout le pays. Après tout, n'était-ce pas la fête nationale de l'Irlande ?
« Professeur, regardez ! »
Luke s'était écrié si soudainement que Flora manqua de renverser sa crème glacée. Un chariot en bois, titanesque, recouvert de verdure et d'hommes habillés en vert venait d'apparaître. Il était sublime. Cependant, le gentleman remarqua qu'il n'y avait pas que de l'enthousiasme dans la phrase de son apprenti, mais également de la surprise.
En effet, jusqu'à maintenant tout avait été en mouvement, un défilé qui parcourait l'avenue lentement en se dirigeant vers la mer. Mais ce chariot qui venait d'apparaître, lui, s'était arrêté, ne bougeant plus.
« Professeur, est-ce normal ? demanda Flora.
- Je l'ignore, peut-être se passe-t-il quelque chose, répliqua le professeur, soudainement inquiet. Bien vu, Luke » ajouta-t-il en se tournant vers le garçon.
Celui-ci le remercia du compliment avec un sourire fugace bien vite remplacé par une expression un tantinet angoissée. Mais ce fut au tour d'Emmy d'ajouter une seconde remarque à la première :
« Professeur, n'entendez-vous rien ? »
Cette fois-ci, tout le monde tendit l'oreille. Des sons étranges, ressemblant à de la musique. On aurait dit une pièce de musique si les accords créés n'étaient pas si dissonants, presque douloureux à écouter pour les oreilles. Cela durait, mais au fur et à mesure des secondes, les sons formèrent un parfait accord. Il continua ainsi quelques secondes, puis le silence reprit le dessus. Cependant, seul le quatuor semblait s'en inquiéter.
« Je crois comprendre. Ne vous inquiétez pas, ils ne faisaient que s'accorder.
- Comment peux-tu en être sûr, Luke ? s'étonna l'assistante du professeur.
- Je fais du violon depuis mon plus jeune âge, et j'ai déjà été dans quelques ensembles instrumentaux. Les instruments sont « désaccordés », – sûrement à cause du froid* – donc il faut les « accorder » avant de jouer. Sinon bonjour les fausses notes, comme nous avons pu en entendre !
- Ta perspicacité m'impressionne, Luke ... sourit son mentor.
- Mais c'est parce que c'est mon domaine, Professeur ! »
Luke avait raison, à l'intérieur du gigantesque chariot rempli de verdure une petite dizaine de musiciens était en train de s'accorder et sortait maintenant vers le centre de la place, devant une fontaine. Tous habillés de vert, ils se positionnèrent devant elle, d'une manière un peu particulière, très espacés les uns des autres, à l'exception des basses – violoncellistes et contrebassiste. Deux flûtistes se mirent sur les côtés, à l'opposé l'un de l'autre. Parmi les cinq violonistes, une seule se mit en tête du groupe, au centre, position qui attirait naturellement l'attention de tout le monde.
C'était une jeune fille d'environ quatorze ans qui portait des lunettes. Vêtue comme tous d'une veste vert foncé et d'une jupe qui descendait jusqu'à ses genoux. Un détail retint l'attention du gentleman cependant. Étonnamment, quelques cheveux de l'adolescente flottaient littéralement dans les airs.
« N'est-ce pas un peu tard dans la saison pour avoir les cheveux électriques ? » songea-t-il, intrigué. Mais il chassa vite cette idée saugrenue et continua de regarder les musiciens se mettre en place. Après tout, qu'a donc d'étrange une chevelure électrique ? Cela peut arriver à tout le monde, n'importe quand.
Tous l'observaient, suivant les regards des instrumentistes qui la scrutaient comme ils pouvaient. Visiblement, ils attendaient quelque chose de sa part. Et ce « quelque chose » ne tarda pas à arriver.
L'adolescente fit un mouvement de tête avant de commencer une dance tout en jouant de son violon, et entraînant tout le groupe par la même occasion. Ils commencèrent une danse folklorique irlandaise, et la plupart des spectateurs – apparemment habitués à ce spectacle, habitant à Dublin – suivirent le pas, certains dansant, d'autres se contentant de taper du pied. La musique était joyeuse et entraînait en effet à valser gaiement, de par sa vitesse, ses contretemps, son rythme et la simple vue des musiciens si joyeux. Seuls les trois bassistes – contrebassiste et violoncellistes – restaient immobiles, se contentant de jouer. En effet, il était difficile pour eux de suivre le pas avec leurs instruments si volumineux ... Soudainement, des hommes en vert se joignirent à la danse, redoublant les ovations et la joie des spectateurs.
« C'est magique ... » murmura Flora.
A chaque reprise du refrain, les ovations et les danseurs redoublaient d'intensité. Cela semblait être fait pour ne jamais se terminer ...
Mais non. Un bruit, dû à la chute d'un objet volumineux – créant une petite explosion et un gros nuage de poussière et de débris – se fit entendre au loin, à l'opposé des musiciens. Tout en continuant à jouer, la violoniste du devant scruta au loin, – ainsi que quelques autres personnes qui avaient eu la curiosité et le courage de se retourner – cherchant l'origine de cet « accident ». Elle aperçut tout de suite ce qu'elle cherchait, et cette fois s'arrêta de danser.
« Fuyez ... » murmura-t-elle, cependant plus pour elle que pour son entourage. Elle manquait de souffle, à la fois à cause du spectacle et de ce qu'elle avait vu. Sachant qu'elle n'avait pas été entendue, elle répéta en hurlant :
« Fuyez ! Vite ! »
Des cris s'ensuivirent, suivis d'une foule paniquée. D'étranges créatures, ne ressemblant à aucun animal sur Terre, avaient surgi et commençaient à s'attaquer aux bâtiments de l'avenue. Le professeur et ses compagnons couraient vers la mer, lorsqu'une main vint s'agripper au bras de Flora Reinhold. Elle cria suite à la surprise avant d'être entraînée vers une petite ruelle. Le groupe la suivit tant bien que mal à cause de la foule, non sans cris de stupéfaction.
« Mais enfin, qu'est-ce qui te prend ?! Lâche-moi ! »
Sitôt dit, sitôt fait. La jeune fille qui l'avait empoignée de la sorte s'excusa poliment. Le professeur ainsi que ses assistants ne tardèrent pas.
« Hé, mais je te reconnais ! s'écria Luke. Tu es ... »
La jeune inconnue le força à se taire par un murmure à la fois doux et angoissé.
« Essaie de parler moins fort, si tu ne tiens pas à ce que ces créatures nous trouvent ...
- Luke a raison, n'es-tu pas l'une des violonistes du spectacle ? » remarqua le gentleman.
En effet, la jeune fille était facile à reconnaître avec son costume et son violon à la main. Ses cheveux volaient, se collant au mur proche et lui donnaient un aspect fantomatique, presque inquiétant. Par une pareille situation, seul le fait qu'il s'agissait d'une enfant sans défense rassurait le groupe. Celle-ci tenta de réchauffer l'ambiance en ajoutant un sourire à son visage lorsqu'elle répondit.
« Appelez-moi Sandra, ce sera plus court. »
L'assistante du professeur s'étonna à l'écoute de ce nom et répliqua, intriguée.
« ... Sandra ? Ce n'est pas un nom de chez nous, je me trompe ?
- Non, c'est exact, rit la musicienne. Je ne suis pas vraiment d'ici ... Vous non plus, d'ailleurs.
- En effet, s'étonna le professeur. Mais comment l'as-tu deviné ?
- Votre accent, » se contenta de répondre celle-ci, en montrant une mine qui laissait paraître que cela lui était évident.
Emmy reprit rapidement la parole, d'une voix un peu angoissée. Cela surprit Luke, habitué à la voir toujours sûre d'elle. Elle proposa de rentrer à l'hôtel, où ils seraient probablement plus à l'abri que dehors ... Le professeur approuva, mais à peine le groupe s'était-il tourné vers l'avenue d'où il venait qu'une déferlante de flammes la traversa, suivie de près par une des créatures ressemblant à un canidé noir et orange gigantesque. Deux cornes remplaçaient ses oreilles, et une sorte de collier de métal autour de son cou représentait une tête effrayante. Il n'avait fait que traverser la ruelle sans la regarder d'un seul bond, mais ce moment aussi fugace qu'un éclair parut durer des siècles. Il ne les avait pas vus, mais le professeur et ses amis étaient terrorisés.
« Ce ... C'est lui qui a fait ça, Professeur ? s'inquiéta Flora.
- Je le crains ... Peut-être vaut-il mieux que nous continuions dans cette direction ... » continua Sandra, pointant du doigt l'autre issue, devenue plus accueillante.
Le groupe se résigna à n'emprunter que des rues peu fréquentées, se sentant plus en sécurité. Luke se tourna soudainement vers la nouvelle venue.
« Au fait, où habites-tu ? Tu avais dit que tu n'étais pas d'ici, mais ... Dans ce cas tu as un hôtel ?
- J'avais serait plus approprié, soupira Sandra, soudainement soucieuse. Le bâtiment de tout-à-l'heure est justement mon hôtel ... »
Le quatuor s'arrêta, à cause de la surprise. L'adolescente continua quelques pas avant de les imiter et de les regarder sans comprendre.
« Dans ce cas, où vas-tu ?
- Puisque vous n'habitez pas ici non plus, je suppose que vous avez un hôtel. J'en recherche justement un, alors si je vous suis, je pourrai prendre une autre chambre ... »
Emmy remarqua que l'adolescente avait dit « je », et pas « nous ». Cela signifiait-il qu'elle était seule ?
« Dis-moi, Sandra ... où sont tes parents ?
- Pas ici. »
Le groupe eut beau lui soumettre toutes sortes de questions, « Pas ici. » fut la seule réponse qu'ils purent obtenir. Après tout, ils n'étaient que des inconnus pour elle, c'était peut-être une question un peu indiscrète ...
« Es-tu sûre que tu pourras payer ta chambre ? » tenta tout de même le professeur.
Il était tellement improbable qu'une jeune adolescente ne se promène avec des milliers de livres sur elle, surtout si elle venait d'un spectacle ... La jeune fille s'arrêta soudainement, pensive et inquiète.
« Toutes mes affaires sont restées là-bas ... » murmura-t-elle, le regard dans le vide, terrorisée. Elle n'avait rien sur elle, tout demeurait dans les décombres de l'hôtel.
« Si tu veux, je peux m'occuper de te payer le séjour, nous nous arrangerons avec tes parents, proposa le gentleman.
- Vous feriez cela ? demanda l'enfant, sans y croire.
- Tout gentleman se doit d'aider une jeune lady en détresse », répondit-il avec un sourire réconfortant.
Sandra se laissa convaincre et esquissa une mine réjouie. Cependant, Flora remarqua que son émotion du moment était toute autre et ressemblait plus à de l'inquiétude ... Après tout, elle avait tout perdu et des créatures étranges envahissaient la ville. N'était-ce pas suffisant pour être inquiet ?
Note :
* : Les instruments supportent en effet mal les trop grands écarts de température.
Chapitre II – Coincés
- Spoiler:
- « Luke ! Tu n'as rien ! Oh, j'ai eu si peur quand j'ai appris la nouvelle ... »
Brenda Triton serra son fils dans ses bras tellement fort qu'il parut étouffer. Les parents de Luke n'étaient en vérité de séjour à Dublin que pour le travail, et ils n'étaient donc pas venus à la fête, à la déception de leur fils.
« La nouvelle est rapidement passée dans tous les postes de télévision, continua Clark. Hershel, n'aurais-tu pas une petite idée de la provenance de ces ... choses ?
- Malheureusement, non, admit le gentleman, inquiet et désolé. J'ignore tout d'elles, de leur origine à leur raison de s'attaquer à la ville ... Nous manquons de trop d'éléments pour pouvoir résoudre ce mystère, du moins pour le moment.
- Le journal télévisé a été clair, reprit Brenda. Nous devons, pour notre sécurité, rester enfermés ici pendant que la police se charge des créatures. Pour le moment, elle reste au poste à tenter de réfléchir au problème, mais elle finira par intervenir, en théorie dans quelques jours ... »
Emmy sursauta. La simple idée de rester coincée dans un hôtel – quoiqu'il soit luxueux – vingt-quatre heures sur vingt-quatre alors qu'un mystère se déroulait dehors la dégoûtait. Jusqu'à maintenant, elle avait pu résoudre tous les mystères qu'elle avait croisés avec le professeur, mais elle ne pouvait en aucun cas laisser filer celui-là. Surtout si elle restait à l'hôtel à se tourner les pouces.
« Professeur, cela signifie que nous ne pourrons pas enquêter !
- Je le crains. Peut-être pourrais-je obtenir une faveur de la police pour que nous sortions les aider ...
- Nous sommes des civils, Professeur, rappela Sandra. Comment pourriez-vous convaincre la police de laisser sortir des civils par un danger pareil ? Le simple fait de vous déplacer vers le commissariat vous vaudrait d'être escorté pour le chemin du retour ... »
L'adolescente assistait à la conversation, mais restait dans le cadre de la porte de la chambre, à laquelle se collaient ses cheveux bruns. Même s'ils avaient la gentillesse et la générosité de l'aider et qu'elle commençait à se rapprocher d'eux, elle préférait garder ses distances pour le moment. Hershel Layton sembla réfléchir en baissant légèrement la tête et en prenant son menton de sa main droite avant de soupirer.
« En effet, tu as raison. Cela ne servirait à rien. Si nous voulons enquêter, nous n'avons plus qu'à regarder par la fenêtre ... »
Tout le monde se plongea dans une réflexion silencieuse, presque gênante. La jeune fille aux lunettes sortit soudainement, prétendant partir chercher de l'eau pour le thé. Ses cheveux flottaient toujours et la suivirent dans sa course. Course était bien le bon mot, car c'est en courant qu'elle partit. Mais ce n'est pas en galopant ainsi qu'on va quérir de l'eau.
« Prétendre » était également un mot bien choisi. C'est pour autre chose qu'elle s'en est allée. Le professeur se pencha à la grande fenêtre de sa chambre, bientôt suivi par ses assistants. Les parents de Luke restèrent assis dans leurs fauteuils et se contentèrent de les regarder d'un air inquiet et curieux. L'avenue était déserte, les créatures semblaient parties. De nombreuses lignes noires de pierre brûlée la zébraient de part en part. Probablement le résultat des nombreuses flammes lancées par ces créatures mystérieuses. Des débris de toutes sortes, de toutes matières, de toutes tailles recouvraient la plus grande partie de la voie pavée, rassemblés en monticules de tailles variées. Les débris des bâtiments touchés par les explosions.
Des bruits de pas résonnèrent dans l'avenue, muets et incertains. Le silence se fit dans la chambre, le groupe se pencha et plissa les yeux afin de mieux apercevoir ce qu'il se passait.
Le propriétaire des bruissements, une jeune silhouette sombre, se détacha de la façade et se mit à escalader les montagnes de pierre, tantôt rapidement et aisément, tantôt s'aidant de ses mains. Elle s'éloignait vers le lieu d'apparition des créatures, et quoiqu'elle fût lointaine, tout le monde finit par reconnaître celle qu'ils avaient rencontrée deux heures plus tôt. On distinguait de maigres cheveux transparents flotter autour de sa tête.
« Mais où va-t-elle, Professeur ? » demanda Luke, ne comprenant pas son acte.
Sandra avait volontairement enfreint la règle donnée par les autorités de la ville, dans un but inconnu. La silhouette se distinguait à peine des décombres, et la visibilité était réduite à cause de la nuit. Cependant, elle sembla se tourner vers la fenêtre. Le gentleman la regarda et crut croiser son regard. Un regard à la fois sombre et brillant, où se reflétait le cadre de sa fenêtre. Oui, ils s'étaient fait repérer, et l'ombre enfantine s'enfuit avant de passer derrière un bâtiment. Le professeur d'archéologie détacha ses yeux de l'avenue et ferma la fenêtre avant de se tourner vers ses amis.
« Je l'ignore, Luke. Mais elle reviendra ... »
Le silence se mit à planer sur la salle. Plus personne n'osa faire quoi que ce soit, cette absence de bruit était trop intimidante pour que qui que ce soit ait le courage de la troubler. Flora, afin de calmer l'ambiance angoissante qui s'était installée, tenta timidement :
« Voulez-vous du thé ? Le dîner sera bientôt prêt ... »Vingt-deux heuresSandra était rentrée dans sa chambre. Cependant, au lieu de dormir, elle écrivait sur un carnet minuscule, qui rentrait parfaitement dans son sac en bandoulière. Elle était sortie discrètement retourner chercher ses affaires dans les décombres de son ancien hôtel, même si elle savait qu'elle n'en avait pas le droit pour sa sécurité. Toutefois, discrètement était un mot plutôt mal approprié, puisqu'on l'avait repérée. Un bruit répété à quelques rares reprises la fit sursauter. Flora avait toqué puis ouvert timidement la porte. A cause de cette escapade, sûrement. Pour avoir des explications, très certainement.
« Que fais-tu ? » demanda la londonienne, curieuse.
Elle s'approcha du bureau et regarda, plissant légèrement les yeux à cause de la trop forte lumière de la lampe. La jeune fille aux lunettes crut bon de ne pas cacher ses notes. Cependant, elle garda le silence. Sa chevelure brune semblait valser au gré d'un vent inexistant. Comme toujours.
« Qu'est-ce que tu écris ? »
Cette fois-ci, l'interrogée répondit du mieux qu'elle put. D'un ton à la fois timide et sûr de lui.
« Cette histoire de créatures n'est pas nette, il se passe quelque chose. Je note tous les détails qui me feraient avancer dans mon enquête ...
- Eh bien, pourquoi ne nous ferais-tu pas partager ces notes ? coupa son amie, d'un ton joyeux et plein d'espoir. Le professeur est très bon en énigmes, il a résolu énormément d'affaires comme celle-ci ! Je suis sûre que ça nous ferait tous avancer bien plus facilement ! »
L'étrangère se tut. Flora n'avait pas tort.
« Puis-je lire ?
- Oui, oui, bien sûr ... »
Sandra était coincée. Une réponse négative aurait paru bien trop suspecte, mais elle préférait garder le secret sur tout ce qu'elle savait. Ils ne devaient pas savoir. Elle ne pouvait pas leur faire suffisamment confiance, même après leur geste généreux. De toute manière, elle n'avait pas le droit de leur dire. Peu importait qu'ils puissent l'aider ou non.
Cependant, elle fut rassurée lorsque son amie regarda le cahier de près.
« ... Mais je n'y comprends rien du tout ! »
Sandra se souvint avec soulagement qu'elle n'avait pas écrit ses notes en anglais.
« Bah, ce n'est pas si grave. Nous en reparlerons demain, il se fait bien tard ... »
Flora ne put étouffer un bâillement lorsqu'elle ouvrit la bouche pour parler. Elle se retira et laissa Sandra seule face à son calepin, qu'elle rangea dans sa sacoche avec son crayon. Elle soupira.
« Décidément, je parais bien trop suspecte, ils sont tellement mal à l'aise avec moi ... Ça finira par m'attirer des ennuis si ça continue ... »
Bonne lecture ! En tout cas, c'est tout pour aujourd'hui !
Dernière édition par lutias le Mer 25 Juil - 12:12, édité 2 fois
Re: Créatures à Dublin
Eh bien, tu vas être ravi ! J'ai prévu de faire 45 chapitres à cette fiction, sans compter Prologue et épilogue ! /o/
Allez, vala' la suite ! ^^
Chapitre III – Réflexions et théories
Allez, vala' la suite ! ^^
Chapitre III – Réflexions et théories
- Spoiler:
- 18 mars 1975, sept heures trente
« Très bien, maintenant que nous sommes tous réveillés, je suppose que nous pouvons commencer à réfléchir sur ce mystère ... »
Le professeur Layton était habitué à se lever tôt, mais ce n'était pas le cas de tout le monde. Luke peinait à camoufler ses bâillements, Flora et Sandra étaient encore sur le point de se rendormir, et elles regrettèrent toutes deux de s'être couchées si tardivement. Seule Emmy demeurait entièrement en éveil et prête à écouter pleinement le gentleman.
« Commençons par résumer ce que nous savons, continua-t-il :
1°) Des créatures étranges sont apparues mystérieusement. Mystère à élucider Numéro un.
2°) Elles semblaient vouloir s'attaquer à la ville, pour une raison inconnue. Mystère à élucider Numéro deux.
3°) Ces créatures semblent posséder des "pouvoirs", d'une manière ou d'une autre. Mystère à élucider Numéro trois.
4°) Ce n'est peut-être qu'une coïncidence, mais elles sont apparues l'après-midi où l'on fêtait la Saint Patrick, jour très important en Irlande.
- Ça promet, nous n'avons aucune piste. Trois mystères à élucider et une théorie sans preuve, c'est largement insuffisant ... » soupira Emmy.
Flora regarda Sandra, qui rougit légèrement en se sachant observée. Il était évident que cette adolescente cachait quelque chose. Mais d'un autre côté, il semblait tellement improbable qu'elle fût celle qui était à l'origine du mystère qu'elle était certainement aussi innocente que n'importe qui dans la salle. Cependant, une question demeurait donc : pourquoi s'obstinait-elle à refuser de collaborer et de partager ses indices, si elle en avait ? Et elle semblait en savoir long sur ces créatures ...
« Apparemment, personne ici n'a d'indices supplémentaires ... » ironisa Flora avec un très léger sourire agacé, gardant un œil sur son amie.
Sandra feignit de ne rien entendre, prenant une gorgée de son thé avant de se lever, s'excuser poliment et retourner dans sa chambre. Une fois assurée que celle-ci fût hors de la chambre du professeur, Flora reprit la parole, presque en murmurant :
« Ne pensez-vous pas qu'elle nous cache quelque chose ?
- Il est facile de le deviner, soupira le professeur. Cependant, tout bon gentleman se doit de ne pas brusquer une jeune lady ... »
Flora souffla. Il n'avait pas tort, cela aurait été très impoli de brusquer Sandra en la forçant de donner des réponses. Et de toute manière, rien ne leur disait si elle cèderait à la brusquerie. Déjà, aucune information n'avait pu être obtenue sur la raison du fait que ses parents ne soient pas avec elle, alors à propos d'un problème de cette envergure ... L'adolescente craignait qu'aucune explication ne puisse être tirée de cette jeune inconnue, et que ces créatures ne règnent en maîtres sur les rues de Dublin encore longtemps. Si leur but n'est pas de s'éloigner et d'envahir le reste du monde et d'amener la destruction partout. Jusqu'à Londres, peut-être. Cette dernière pensée la fit frissonner, mais son « père » continua sa phrase et la rassura légèrement.
« ... Cependant, si nous trouvons une preuve de sa culpabilité, elle nous devra des explications, c'est évident. Mais elle semble aussi innocente que nous, ce qui ne facilite pas les choses ...
- Professeur, ajouta Luke, Clive Dove aussi semblait innocent lorsqu'il nous avait lancés dans l'affaire du voyage dans le temps ...
- Peut-être, mais à la différence de Clive, Sandra est une enfant comme toi et Flora. Un adulte peut créer tout un mystère sans problèmes, comme nous avons pu le voir à de nombreuses reprises. C'est cependant bien plus compliqué pour un adolescent ...
- Vous avez raison, Professeur. Cependant, cette affaire semble si compliquée qu'on peut se demander si nous pouvons faire confiance à tout le monde ... » termina Emmy d'un ton grave, avant de prendre sa tasse de thé et de boire une gorgée rapidement, prise comme les autres dans une profonde réflexion.
Réflexion qui s'avérait gênante, car complètement inutile et finalement sans résultats. Si seulement ils pouvaient sortir, leur enquête aurait pu leur amener des indices capitaux, qu'ils ne pouvaient certainement pas démasquer en restant à l'hôtel. La police n'ayant toujours pas agi, elle devait probablement rester coincée également à cette étape de la recherche ... Cette situation en devenait ridicule. Rester enfermé alors que les indices étaient dehors relèverait du comique si l'affaire n'était pas si importante. Mais ils ne pouvaient pas faire autrement, et cela ne faisait qu'augmenter la rage du groupe.
De l'autre côté du mur, l'adolescente dont ses amis parlaient avait tout écouté avec désolation et soupira. Ses cheveux s'accrochaient au mur contre lequel elle s'appuyait, mais elle n'y prit pas garde. Quoi qu'elle fît, elle avait tout le temps une chevelure remplie d'électricité statique. Elle s'effondra sur son lit en maintenant une position assise mais voûtée, ses cheveux suivirent son geste avec la vivacité des feuilles d'automne. Quelques secondes passèrent ainsi. Un nouveau soupir sortit de sa bouche, et elle s'allongea entièrement.
« J'en étais sûre, ils commencent à se faire des idées ... » songea-t-elle en regardant le plafond d'un air triste.
Cependant, elle se rassura à l'idée que l'on n'allait pas la brusquer avant d'avoir des preuves, chose qu'elle pensait impossible. Elle se releva lentement, se tourna vers l'unique paire de fenêtres de sa chambre et l'ouvrit. L'hôtel donnait, comme pour la pièce voisine qui appartenait au professeur d'archéologie, sur l'avenue qui avait été attaquée en premier.
La pauvre fontaine agonisante crachait encore avec peine un maigre filet d'eau qui s'écrasait misérablement dans une mare asséchée, en grande partie enterrée par les débris. L'enceinte du bassin était complètement détruite, et l'eau s'échappait lentement et silencieusement, formant un ridicule ruisseau grisâtre, déjà tari. Seules les fines lignes sombres qui étaient peintes maladroitement sur le sol plein d'aspérités trahissaient son existence à coup sûr passée et éphémère.
De longues lignes noires traversaient la rue de part en part, à peine recouvertes par de nombreux morceaux de pierre et de briques et cachaient le maigre tracé de l'ancien cours d'eau desséché d'une ombre écrasante. Signe laissé par les flammes, éteintes à la va-vite par un coup de vent. Cependant, plutôt fort, ce « coup de vent » ...
Une sorte d'immense chauve-souris à quatre ailes apparut dans le cadre et fonça soudainement vers l'adolescente, qui ferma la fenêtre immédiatement, en montrant une figure perplexe et terrorisée. Heureusement, la vitre fut assez solide et résista au choc causé par la charge de la créature. Vexée, elle se retira. Mais pour revenir attaquer plus tard, et peut-être pas seule.
« Ça promet ... » songea la jeune fille, embêtée.
De leur côté, le professeur et ses amis avaient vu passer une créature violette avant d'entendre un grand bruit venant de la chambre de Sandra. Inquiet, celui-ci toqua à la porte et l'adolescente ouvrit aussitôt, en dévoilant une mine encore tremblotante.
« Oh, c'est vous Professeur ...
- Qu'était-ce donc ?
- Une des « créatures » m'a attaquée, j'ai juste eu le temps de fermer la fenêtre ... Mais ne vous inquiétez pas, elle est loin, maintenant ... » sourit la jeune fille.
Le gentleman devina vite que ces paroles rassurantes n'étaient que mensonges. Le sourire de l'enfant était trop peu naturel pour être réaliste. Non. Les créatures reviendront, et pas avec de bonnes intentions.
Re: Créatures à Dublin
Suite ! ^^
Chapitre IV – Complications [1/2]
Chapitre IV – Complications [1/2]
- Spoiler:
- Luke retourna tristement dans sa chambre, la même que ses parents, sans prévenir personne. Il était complètement plongé dans des pensées noires qui le tourmentaient. Lui qui espérait passer un bon moment avec ses amis pendant la fête nationale de l'Irlande, tout avait basculé avec l'apparition de ces étranges créatures. Il tenta de penser à autre chose et sortit son violon. Le jeune garçon l'accorda rapidement et commença à jouer. La musique était pour lui un moyen d'oublier tout ce qui le tracassait, et en particulier cette mystérieuse affaire. Luke ferma les yeux, laissant ses doigts danser sur la touche de son instrument.
Il souleva les paupières soudainement et montra un air étonné, remarquant que quelqu'un d'autre s'amusait à l'accompagner dans son morceau. Sandra, bien sûr, avait sorti son propre instrument et le suivait. Peut-être cherchait-elle également à oublier ses problèmes ... Luke continua, comme si de rien n'était, prenant cette intrusion dans son morceau comme un jeu. L'autre violon ne s'arrêta pas non plus, et son air fit penser à des rires joyeux. L'adolescent n'avait pas refusé le duo, et semblait réjouir son compagnon.
Luke avait terminé son morceau, donc Sandra également. Celle-ci rangea son instrument très soigneusement avant de regarder par la fenêtre en fronçant les sourcils, inquiète. La créature violette n'allait probablement pas tarder, et elle ferait mieux de se dépêcher d'agir tout en restant discrète. Ses amis devaient rester hors de cette histoire, à tout prix. La jeune fille soupira.
« Tout ceci n'aurait jamais dû se produire ... » songea-t-elle en regardant tristement le ciel légèrement grisâtre de la capitale irlandaise.
Elle prit sa sacoche et l'enfila. L'adolescente tremblait légèrement, ignorant encore comment elle agirait exactement. Mais elle ne devait pas tarder à le faire, malgré elle. Prête ou non.
Le professeur, Emmy et Flora continuaient de réfléchir sur l'affaire autour de la table qui contenait les notes du gentleman. Aucun indice ne semblait pouvoir se révéler, autrement dit : rien n'avançait. L'assistante du professeur grogna à nouveau, pensant que c'était principalement dû à leur interdiction de sortir de l'hôtel, qui compliquait grandement leur recherche d'indices. Malgré le fait que tous y mettaient toute leur profonde réflexion, aucune explication possible à tous ces mystères ne pointait le bout de son nez.
Tous entendirent soudainement un grand bruit venant de l'avenue. Le réflexe d'Emmy fut de se précipiter à la fenêtre. Elle vit la créature violette qui avait attaqué Sandra quelques dizaines de minutes précédemment en train de lutter contre une autre. Blanche, noire et jaune, capable de voler bien que ressemblant à un écureuil. Elles se faisaient face et n'allaient certainement pas tarder à se jeter l'une contre l'autre.
« Professeur, regardez ! »
Le gentleman et la jeune fille s'approchèrent en courant. Ils n'avaient pas osé au départ quitter la table où se trouvaient les notes et les maigres indices. Ils savaient de quoi il s'agissait. Cependant, ils obéirent à la demande de la jeune femme.
« Il semblerait contre toute attente que ces créatures soient rivales, constata le professeur. Peut-être qu'en fait elles n'en veulent pas à la ville, mais à elles-mêmes ...
- Mais, Professeur, si elles se battent ici, cela pourrait causer des dégâts ! »
Luke était retourné dans la chambre de son mentor, et n'avait pas tardé à comprendre la gravité de la situation. Sa phrase avait un air non pas terrorisé, mais tout de même très inquiet. Tous les souvenirs de la fête ressurgirent, ainsi que la puissance des attaques utilisées par ces créatures. Ils étaient sur le point d'en voir encore plus, et cela ne les ravissait pas.
« En effet, Luke ... Mais que pouvons-nous faire face à cela ? Rien du tout, j'en ai bien peur. »
Le silence retomba, et l'immobilité s'installa dans la chambre d'hôtel. Seuls les yeux des observateurs osaient bouger afin de suivre les mouvements des opposants d'un air anxieux.
La créature blanche lança soudainement un torrent d'éclairs, qui fit clignoter tous les réverbères de l'avenue en même temps. Le groupe se retourna vers la lampe de la chambre d'hôtel à la suite d'un petit bruit de crissement de verre : la lampe avait grillé en moins d'un instant, si ce n'est pas « explosé ». Car des débris de verre trônaient en-dessous, et l'ampoule n'avait plus rien d'une ampoule. Seul le lustre qui la retenait au plafond faisait penser à ce que la lampe était autrefois. Le professeur serra les dents d'un air inquiet. Les éclairs pouvaient atteindre l'intérieur même des habitations, car les appareils électriques étaient tous reliés à l'extérieur. Et cela signifiait qu'ils n'étaient pas hors de danger.
Cependant, ce n'était visiblement pas la cible de la créature, car la « chauve-souris » eut à en éviter la plupart. Mais c'est ce qu'elle fit sans problèmes, au grand désarroi de l'« écureuil volant ». Le combat sembla continuer et s'éternisa, le sol et les bâtiments de l'avenue souffrant bien plus que les combattants eux-mêmes. Le gentleman crut remarquer que, si la créature violette en avait certainement après la ville, l'autre semblait se soucier des dégâts causés aux bâtiments. Il fit part de sa remarque à Emmy, qui approuva. Elle avait vu également que l'écureuil blanc avait l'air de vouloir protéger la capitale irlandaise. Mais pourquoi ? Et pourquoi, surtout, son adversaire cherchait-il plutôt à la détruire ? Encore des questions sans réponses.
« Chef, Chef ! »
L'inspecteur Chelmey leva les yeux, détachant lentement son regard de la pile de rapports divers qui trônait sur son bureau, avant de fixer l'homme qui l'avait dérangé dans son travail. Il lui en demanda la raison d'un ton las.
« Qu'y a-t-il, Barton ?
- Ce sont les B.N.I., Chef ! Elles recommencent ! »
Le londonien regarda son interlocuteur d'un air interrogateur. Il y avait bien un mot qu'il n'avait pas compris dans la phrase du jeune commissaire.
« Pardon, Barton, mais que sont ces « B.N.I. » ? Les bestioles qui ont attaqué O'connell Street hier après-midi, peut-être ?
- Oui, Chef ! Les Bestioles Non Identifiées ! C'est bien trouvé, comme nom ? »
L'inspecteur de police passa sa main sur sa figure. Il resta ainsi un moment, préférant ne pas hurler comme il en avait l'habitude. Il ne voulait pas donner de mauvaise image des forces de l'ordre londoniennes à Dublin, il se devait donc d'être indulgent pour une fois. Barton comprit son erreur, mais ne sut comment se rattraper auprès de son supérieur. Aussi garda-t-il le silence, préférant attendre la réponse du gentleman.
« Nous y allons, Barton, déclara-t-il soudainement.
- Chef, oui chef ! cria le concerné en souriant dans sa moustache, levant sa main contre son couvre-chef.
- Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, Chelmey. Nous ne restons pour le moment qu'au stade d'observation, nous ne devrions pas foncer tête baissée avec ces bêtes-là. »
Les deux hommes se tournèrent vers un troisième, qui passait devant le bureau provisoire de l'inspecteur et se trouvait maintenant dans le cadre de la porte. Un des supérieurs dublinois du commissariat.
« Mais enfin, il faut agir ! Nous ne pouvons pas les laisser détruire toute la ville !
- Non, c'est vrai. Mais elles sont capables de tout, c'est trop dangereux de s'en occuper sans avoir plus d'informations sur elles. Il faut juste attendre...
- Attendre, toujours attendre ! Et quand Dublin sera en ruines, vous changerez d'avis ? Je vais vous montrer comment on fait à Londres, moi ! Barton, suivez-moi. »
Le seul qui était resté silencieux ajouta un « Chef, oui chef » aussi réjoui que le précédent et accompagna son supérieur qui s'était levé et sortait maintenant du bureau. Le dublinois se tut et se contenta de les regarder s'éloigner. Une fois qu'ils furent partis, il murmura pour lui-même, d'un ton désolé :
« Ils sont fous, ces londoniens ... »
La chauve-souris à quatre ailes changea soudainement de cible, se dirigeant vers la fenêtre ouverte de la chambre du professeur et préparant une étrange masse violet sombre devant sa tête, probablement dans l'idée de la lancer à travers l'ouverture et d'atteindre les observateurs, qui cherchèrent à se protéger en vain. Sa rivale fut cependant plus rapide et referma l'ouverture avant de repartir aussi rapidement. La sphère étrange vint s'écraser contre la vitre qui tint bon. Emmy fut la première à sortir du renfoncement de mur dans lequel elle s'était réfugiée. Comme tout le monde dans la salle, elle avait vu du coin de l'œil le geste de la créature.
« Professeur, croyez-vous qu'elle a fait cela pour nous protéger ?
- Cela semble probable, Emmy. Ce n'est pas pour le plaisir qu'elle s'est exposée au danger dans le but de fermer une fenêtre ...
- C'est rassurant de voir qu'il y en a qui sont de notre côté ! » se réjouit Luke, montrant une mine un peu moins inquiète qu'auparavant.
La créature relança des éclairs, qui cette fois touchèrent sa cible. Celle-ci ne sembla visiblement pas apprécier, et se vexa, sachant qu'elle était plus de trois fois plus grosse que son ennemi. Elle mugit soudainement, et deux autres créatures arrivèrent bientôt, menaçantes. Le « chien » qui avait agi en premier et gâché la fête la veille, et une sorte d'énorme corbeau noir.
Dans l'ombre d'une ruelle, une petite silhouette laissa sortir malgré elle un juron d'une langue inconnue. Trois contre un, ce n'était pas juste. Elle laissa sortir un murmure à peine perceptible en se retournant, toujours dans le même langage. Les deux concernés par ces paroles sortirent de la ruelle et prirent part au combat. Il s'agissait de deux autres créatures : un dragon vert et une sorte de loutre bleue.
Du côté du professeur et de ses apprentis, l'apparition de quatre créatures supplémentaires fut mal prise. Deux – dont une dans leur camp, mais qu'importe – étaient largement suffisantes pour semer le chaos dans toute une capitale, alors six ... Le combat risquait de causer encore plus de dégâts.
A suivre ... ~
Re: Créatures à Dublin
Suite ! :3
Chapitre V – Complications [2/2]
Chapitre V – Complications [2/2]
- Spoiler:
- « Comment ça, je peux pas m'y rendre ?! J'ai le droit d'aller où je veux, quand même !
- Vraiment navrée, Mister. Dublin est en ce moment interdite d'accès, à cause des évènements qui s'y déroulent.
- Mais je sais ! C'est justement pour ça que je veux y aller !
- Vous êtes un civil, Mister. Je ne peux pas vous y autoriser. Seules les forces de l'ordre ont le droit de se rendre à Dublin, pour le moment. »
Don Paolo pesta.
« Et bien sûr, c'est Layton qui va résoudre ce problème, car lui on lui a permis ... ronchonna-t-il.
- Pardon ? Vous parlez du professeur Layton ? Désolée de vous contredire, mais il n'est pas autorisé à sortir de son hôtel, comme la quasi-totalité des civils se trouvant dans la capitale. »
L'ennemi du professeur Layton esquissa un léger sourire. Le seul plaisir qu'il eut fut que son rival n'allait cette fois pas pouvoir mener son enquête aussi facilement.
Le combat ne tarda pas à reprendre, et comme prévu encore plus violent. Quatre des créatures menaient une mêlée aérienne, les deux dernières, incapables de voler, se battant au sol, sans pour autant lancer des attaques moins puissantes. Le professeur d'archéologie et ses amis ne pouvaient que regarder la scène, en espérant que cela ne se termine pas trop mal. Luke crut remarquer de l'agitation dans une petite rue qui débouchait dans l'avenue et plissa les yeux avant de les écarquiller, surpris.
« Professeur ! L'inspecteur Chelmey est en bas !
- Comment ?! »
Le reste du groupe s'approcha de la vitre et distingua en effet – malgré le reflet du verre qui les gênait – la silhouette du policier londonien, ainsi que celle de son acolyte.
« Mais que font-ils ici ? » demanda le professeur d'archéologie en fronçant les sourcils, troublé.
Il ne s'attendait pas à obtenir une explication de la part de ses assistants, et en effet personne ne répondit. Seule Emmy ajouta un « C'est une excellente question, Professeur ... » d'un ton inquiet. En effet, ils se trouvaient tout près d'un champ de bataille, à découvert. Trop près, même. Si les créatures élargissaient les frontières de leur terrain de combat, alors ils seraient inévitablement pris en plein milieu d'une bataille titanesque.
De leur côté, les policiers commençaient à comprendre les avertissements et la prudence des forces de l'ordre dublinoises. L'inspecteur ronchonna silencieusement entre ses dents. Il avait visiblement sous-estimé ces « B.N.I », et le problème risquait en effet d'être plus complexe qu'il ne l'avait prévu. Il se tourna vers son camarade de travail, s'apprêtant à murmurer un « Barton, on fait demi-tour », mais il remarqua soudainement que son acolyte était tout pâle et suait à grosses gouttes, en regardant et pointant timidement quelque chose qui se trouvait derrière lui. C'est alors que Chelmey sentit une haleine à la légère odeur de brûlé, et entendit le souffle d'une respiration. Il jeta un coup d'œil en arrière et aperçut un énorme canidé noir et orange. Le policier en uniforme bleu foncé avait remarqué ce regard, mais cela ne l'empêcha pas de souffler d'une voix tremblante :
« Chef, derrière vous ... »
Il ne put cependant en dire davantage, car un énorme jet d'eau aspergea puissamment tout le monde : chien noir, inspecteur Chelmey et Barton. L'origine en était une étrange loutre bleue et bipède. Elle se saisit des deux coquillages qui trônaient sur chacune de ses jambes et s'en servit comme de sabres pour continuer à attaquer le canidé. Celui-ci lança des tornades de flammes, rapidement éteintes par quelques jaillissements d'eau de son adversaire. Les deux hommes tentèrent de profiter du combat pour s'enfuir et retourner discrètement au commissariat, mais des flammes sortirent de la mêlée et leur créa une barrière de feu. La malchance a fait qu'ils soient coincés entre deux dangers aussi grands l'un que l'autre.
« Chef, que faisons-nous ?
- Taisez-vous, Barton ! » cria son supérieur d'un ton désespéré.
Ils n'avaient plus le choix : rester dans la parcelle de rue qui restait encore intacte – quoique pas mal arrosée – ou bien affronter au choix un mur de flammes ou deux « B.N.I. » en pleine lutte. La première option sembla la plus optimiste, et ils observèrent le combat à quelques pieds de distance, espérant que les deux opposants restent au point où ils en étaient.
La loutre bleue semblait prendre facilement l'avantage sur le canidé, qui n'appréciait visiblement pas l'eau que lui aspergeait son ennemi. Il profita cependant d'un instant de répit pour le mordre à la patte ; un cri de douleur sortit, sitôt réprimé par un geste brusque qui envoya le chien de feu contre un mur, à moitié sonné. La loutre bleue avait gagné pour le moment, et elle se tourna vers les agents de police, comme si elle avait subitement remarqué leur présence.
Contre toute attente, la cible de son attaque suivante fut la barrière de flammes, qu'elle éteignit en moins d'une minute. La créature se dirigea ensuite vers les humains et leur fit signe qu'ils pouvaient passer. Ils ne se firent pas prier et prirent leurs jambes à leur cou en moins de temps qu'il n'en fallut pour le dire. La « B.N.I. » esquissa un léger sourire affectif, sitôt réprimé par un petit gémissement. Elle regarda sa patte mordue qui lui faisait tant souffrir ; la morsure avait créé une hémorragie plutôt sérieuse. La loutre regarda une dernière fois l'avenue où les autres se battaient, mais elle préféra s'en éloigner un peu avant de s'adosser à un mur. Elle était bien trop faible pour pouvoir les aider, alors autant se mettre à l'abri.
Le corbeau se chargeait du dragon vert, et la chauve-souris de l'écureuil volant. Ce dernier avait beaucoup d'aisance et prit vite l'avantage sur son adversaire, qui évitait les éclairs comme il pouvait. Cependant, on ne pouvait pas dire la même chose de son ami le dragon. Le combat était très serré, et les deux combattants se blessaient beaucoup, sans réussir pour autant à gagner la bataille.
Le duel s'éternisait. Le professeur, ainsi que ses assistants et sa « fille » espéraient de tout cœur que cela ne se termine pas trop mal.
L'écureuil se mit soudain à émettre d'étranges gestes en regardant le dragon vert. Celui-ci fut apparemment le seul à comprendre et sourit légèrement.
« Que se passe-t-il ? demanda Luke, soudainement inquiet.
- Il semblerait que quelque chose va se produire ... » proposa son mentor qui partagea le sentiment de l'adolescent. Il fit un pas en arrière, avant d'ajouter : « Et j'ai un mauvais pressentiment ... »
Une silhouette rejoignit la rue de la loutre bleue et s'en approcha. Elle se mordit la lèvre et se maudit de ne pas avoir sur elle de quoi soigner la blessure. Cependant, elle sourit en voyant l'écureuil blanc gesticuler de loin. Elle s'éloigna en courant après avoir fait un signe discret à la créature bleue. Elle sourit.
« Trois, deux, un ... » sembla-t-elle dire, son sourire s'épaississant à chaque instant.
L'écureuil brilla. Cette fois, le gentleman se mit à reculer franchement, apeuré.
« Cachez-vous tous, vite ! » hurla-t-il en se blottissant dans le coin formé entre une armoire et un mur, aussitôt imité par ses amis, soudainement terrorisés.
La créature lança une vague d'éclairs qui toucha l'avenue entière. Seul le dragon sembla ne pas craindre cette déferlante d'électricité, et ne sentit quasiment rien. Ce ne fut cependant pas le cas des trois créatures ennemies, qui s'étaient évanouies pour de bon. Le professeur d'archéologie et ses assistants eurent raison de se protéger, car la fenêtre explosa en milliers de morceaux de verre lorsque l'onde d'électricité la frappa, et les débris tranchants vinrent voler sur plusieurs mètres, certains se plantant dans les murs ou sur les meubles. L'éclair, lui, laissa une énorme trace noire horizontale sur le sol, signe que le parquet avait été en partie carbonisé à cet endroit.
« Je n'avais jamais vu ça ... marmonna l'assistante du professeur, effarée et toute pâle. Surtout venant d'une si petite créature ... »
Cependant, les vainqueurs aussi semblaient blessés. La loutre bleue qui avait disparu avait une patte rouge de sang, le dragon portait de nombreuses traces de coups de becs et de serres venant du corbeau, dont certaines qui commençaient à rougir également. Quant à l'écureuil, il semblait épuisé à force de lancer tant d'éclairs – qui avaient également grillé toutes les ampoules du quartier, quelles que soient leurs tailles : cette électricité était assez puissante pour mettre en surtension toute une zone d'habitation.
« Professeur, devrions-nous les soigner ? demanda Luke timidement. Lui qui aimait les animaux, ces créatures – qui étaient de leur côté, de plus – ne faisaient pas exception, et les voir ainsi lui brisait le cœur.
- Il est vrai que ce serait indigne d'un gentleman de les laisser ainsi, mais il ne faut pas oublier qu'elles peuvent être très dangereuses ... De plus, en principe nous sommes censés rester dans la chambre d'hôtel jusqu'à ce qu'elles ... Luke ? »
L'adolescent était déjà parti, ignorant la réponse de son mentor. Il descendit les escaliers, prenant garde à rester le plus silencieux possible. Il fut surpris au départ en voyant que la réception – ainsi que tout le rez-de-chaussée de l'hôtel d'ailleurs – était déserte. Mais en y réfléchissant, il aurait été inutile d'y rester en permanence, puisque personne n'entrait ni ne sortait. En principe, bien sûr. Ce fut donc sans difficultés que le jeune garçon sortit de la bâtisse et s'élança vers les trois créatures.
Son réflexe fut de chercher la loutre bleue, visiblement la plus blessée du groupe. Il la trouva sans mal dans la rue où il l'avait vue partir, à la poursuite du canidé noir. Elle n'avait pas bougé et demeurait allongée contre un mur, épuisée et souffrante. Le bruit l'éveilla – car elle semblait dormir – lorsque Luke s'approcha, peu confiant mais sans pour autant trembler. Le premier réflexe de la créature fut de se lever et de montrer les crocs, mais ses forces l'abandonnèrent vite et elle s'écroula sur le sol tout d'un coup.
« Calme-toi, tu n'as rien à craindre ... » murmura Luke, pour rassurer la créature comme pour se rassurer lui-même. Son interlocuteur, incapable de se défendre, ne pouvait qu'espérer qu'il dise vrai. Il gémit, se penchant sur sa plaie.
« Eh bien, c'est une sacrée morsure ... reprit le garçon en regardant la blessure. Si tu me fais confiance, moi et mes amis pourrions vous soigner là-haut, toi et tes amis ... »
La loutre bleue répéta son raisonnement. Sa plaie risquait de lui être fatale, et le seul moyen finalement de s'en sortir était d'écouter cet étranger. Elle geignit à nouveau, mais avec un léger sourire. Au point où elle en était, elle n'avait plus qu'à écouter l'enfant.
« Matt ? C'est ton nom ? ... ça veut dire que tu es d'accord ? »
La créature acquiesça lentement et tenta de se relever. Encore un échec, mais Luke se précipita sur elle afin de l'aider. Il lui passa délicatement une patte avant – celle qui était valide – par-dessus son dos, permettant à la créature d'être debout et de marcher plus facilement.
« Très bien, Matt ... sourit l'adolescent en la regardant. Je vais te ramener là-haut, puis je m'occuperai de tes amis, ça te va ? »
Les trois créatures avaient été amenées dans la chambre du professeur Layton avant d'être soignées. Chacun avait participé aux soins, et Sandra était sortie de sa chambre pour les aider. Luke avait appris, en continuant sa discussion avec les créatures – ce qui sidéra l'adolescente sur le moment par la même occasion – les noms des deux autres : l'écureuil se nommait Gabrielle, et le dragon vert Nina. La jeune fille ne s'était jamais doutée que l'adolescent soit capable de les comprendre.
« Peut-être que, si nos amis sont avec nous, ils pourraient nous dire d'où ils viennent ? » proposa Flora en souriant, pleine d'espoir. En effet, cette réponse tant attendue aurait pu faire grandement avancer l'enquête.
Gabrielle émit de petits cris aigus mais doux. Luke fronça les sourcils, surpris. Cependant, il traduisit ce qu'elle avait dit, suite aux demandes de ses amis.
« Professeur, elle dit que ... qu'ils ne doivent pas le dire, s'étonna Luke. Mais pourquoi donc ? »
La question était bien sûr à l'intention des trois créatures. De nouveaux cris, de Nina cette fois, apportèrent une réponse, bien que ce ne soit pas celle qu'ils espéraient.
« ... Il semblerait que le fait de répondre à la question « Pourquoi ? » amène à dire d'où ils viennent. Et qu'ils ne doivent donc pas le dire non plus. »
Un soupir sortit de la bouche du groupe entier. Emmy crut remarquer que Sandra, elle, n'avait pas réagi et continuait de s'occuper de la morsure de Matt comme si de rien n'était. Elle avait forcément entendu, et elle aurait dû s'en soucier, puisqu'elle cherchait également à élucider le mystère ... Cependant, l'assistante du gentleman préféra garder le silence sur le moment.
A suivre ... ~
Re: Créatures à Dublin
Bah au moins t'as un fan x)
Tu m'excusera, je déteste lire hormis quand c'est drôle(et encore...).
Tu m'excusera, je déteste lire hormis quand c'est drôle(et encore...).
Re: Créatures à Dublin
Ah ? Dommage ... :/
Tiens PokeFan, puisque tu veux la suite, la voici la voilà !
Chapitre VI – Sandra
Tiens PokeFan, puisque tu veux la suite, la voici la voilà !
Chapitre VI – Sandra
- Spoiler:
- Les trois créatures restaient dans la chambre du professeur bien qu'elles soient en grande partie remises, où tout le monde – sauf les parents de Luke, qui comme d'habitude étaient retenus par le travail – s'était rassemblé. Matt et Nina gardaient encore quelques bandages, mais Gabrielle, elle, était en pleine forme. Elle voletait gaiement autour des trois adolescents, qui s'en amusaient. Finalement, elle se posa sur la tête de Sandra, qui en profita pour la caresser avec un doux sourire. La créature appréciait visiblement, et ses deux amis demandèrent à essayer à leur tour. L'écureuil volant sauta entre les deux et se laissa câliner quelques minutes, mais ne tarda pas à retourner sur la tête de la troisième.
Cette fois, ils remarquèrent tous que ses cheveux volèrent encore plus haut que d'habitude, ce qui fit glousser ses amis. Préférant en rire plutôt qu'en pleurer, la jeune adolescente prit part aux moqueries des deux autres. Elle ne pouvait pas leur en vouloir, puisqu'elle en riait elle-même. L'électricité de l'écureuil se basait apparemment sur l'électricité statique et attirait la chevelure brune de l'enfant.
« On dirait qu'elle t'aime bien ! rit Luke avec un large sourire. Tu en as, de la chance !
- Tu dois avoir raison ... » rougit la concernée.
Le professeur Layton, qui jusqu'alors avait continué à chercher des indices en vain, regarda la scène et fut pris d'un doute soudain. Cette théorie pouvait tout faire concorder, aussi prit-il part à la conversation, plus ou moins brusquement.
« Elle fait ça souvent ? »
Silence. Sandra prit soudain un air étonné et ignorant. Mais pas assez rapide pour paraître réellement sincère.
« Mais comment voulez-vous que je le sache, Professeur ? Je ne la connais pas plus que vous ... »
Gabrielle préféra changer de sujet en volant la casquette de Luke afin d'attirer l'attention. Le professeur et ses assistants furent contraints de prendre part au jeu de l'écureuil électrique. Sandra, quant à elle, soupira. Elle avait pris beaucoup trop de temps à répondre et connaissait les conséquences de cette erreur.
« C'était moins une ... » pensa-t-elle, avant de se rendre discrètement dans sa chambre.
« Eh bien, on peut dire que vous en avez de la chance ! J'ai vraiment cru que vous n'en reviendriez pas ! »
Sans compter le problème lié au combat des créatures, l'escapade des deux londoniens s'était passée sans problèmes. Mais c'était bien le fait que les deux policiers se soient sortis quasiment indemnes de cette rencontre avec les créatures qui sidérait le supérieur du commissariat dublinois. Cela le rassura également, bien entendu.
« Mais je suppose, vu vos têtes, que vous avez compris de quoi nous parlions lorsque nous vous disions que les B.N.I. étaient dangereuses ... »
L'inspecteur Chelmey sursauta légèrement en entendant le sigle utilisé par son acolyte. Il se tourna vers le petit agent, mais ce fut au dublinois d'ajouter :
« Oui, Barton a parfois de très bonnes idées ... Nous avons adopté ce sigle, pour le moment. »
Celui-ci ne put s'empêcher de sourire, heureux d'avoir enfin un mérite dans son travail. Son supérieur préféra se taire et se replia dans son bureau. Le policier de Londres s'assit et prépara un thé avant de se replonger dans un tas de paperasses. Cependant, il continuait de penser à ce sigle qu'il trouvait complètement idiot, et qui ne convenait donc pas à une affaire si importante. Bestioles Non Identifiées ... Il murmura pour lui-même, avant de prendre une gorgée de sa boisson chaude :
« Ils sont fous, ces dublinois ... »
Sandra avait besoin de prendre encore un peu de recul sur cette affaire, afin de pouvoir la régler le plus tôt possible, et sans s'attirer d'ennuis. Elle ressortit son carnet et son crayon, griffonnant des schémas, des phrases dans tous les sens et des calculs de toutes sortes. Lorsque son esprit bouillonnait ainsi, il fallait que ses idées sortent avant qu'elles ne soient perdues, et les coucher sur papier restait la meilleure solution. Son criterium dansait sur le papier, dessinant mots, flèches et chiffres, toujours plus rapidement. Sandra ne souriait pas, mais son regard porté sur ses notes ne cillait pas, comme hypnotisé.
Le silence s'était installé dans la chambre depuis longtemps, mais dans sa tête résonnaient toutes ses pensées dans un brouhaha assourdissant. Le bruit redoublait d'intensité dans la chambre d'à côté, étant donné que les parents de Luke avaient pris part au jeu de Gabrielle. Cependant, Sandra ne l'entendait pas, devenue comme sourde.
L'adolescente s'emballait, jubilait presque alors qu'elle réfléchissait. On lui disait souvent qu'elle allait trop vite. Elle ne le niait pas, et ne pouvait pas le nier : c'était vrai. Cependant, cela ne l'importunait pas à ce moment, dès l'instant que son crayon pouvait suivre. Et il le faisait, il n'y avait donc aucun problème. La machine continuait de s'emballer, mais il fallut bien à un moment l'arrêter.
« Sandra, est-ce que je peux entrer ? »
L'adolescente sursauta. Le criterium tomba de sa main dans un bruit sourd, et son regard demeura vide un court instant. Elle se décida à reprendre son souffle doucement, avant de répondre précipitamment.
« Flora ? Oui, bien sûr ! »
Son amie entra et s'approcha d'elle avant de prendre délicatement une chaise et de s'assoir promptement. Le jeu de l'écureuil volant l'avait apparemment épuisée, et l'une des raisons de sa venue était peut-être la lassitude d'une course contre la créature ... Mais il y avait visiblement une autre explication à sa visite, qu'elle ne tarda pas à donner, en partie gênée tout de même. Aussi sa voix demeura entre le murmure et la simple parole.
« C'est juste que ... En fait je ne sais quasiment rien de toi ... »
Sandra montra un sourire fugace, rapidement remplacé par son expression habituelle, neutre.
« Que veux-tu savoir ?
- Parle-moi de ta famille ! rit son interlocutrice.
- Eh bien, je suis fille unique pour commencer. Ma mère est en ce moment en déplacement pour son travail, alors elle m'a offert des vacances ici pendant son absence. Pour la fête, j'étais là avant les préparatifs et j'avais appris qu'il manquait une place ... Je n'ai pas hésité, ajouta-t-elle en faisant un nouveau sourire.
- ... Et ton père ? Il n'est pas avec toi ? »
Le sourire s'effondra subitement. Sandra baissa la tête, se taisant. Flora se mordit la lèvre, pensant qu'elle avait dit une bêtise. Elle vit une larme couler, juste avant un murmure.
« Je n'en ai plus. »
La « fille » du professeur Layton tenta de s'excuser vivement, mais la jeune fille essuya sa larme avant de lui sourire tristement.
« Ne t'inquiète pas. Ce n'est pas ta faute. »
Sandra vit qu'elle n'avait pas convaincu son amie, aussi ajouta-t-elle soudainement :
« Oublie cette histoire, ce n'est rien ... C'était un cancer. »
Cependant, cette dernière phrase avait paru tremblante, menteuse. Non, ce n'était pas un cancer, mais quelque chose d'autre dont elle ne voulait pas parler. Flora allait lui faire la remarque doucement, lorsque la porte s'ouvrit tout d'un coup, Gabrielle entrant promptement, la casquette de Luke dans la bouche. Celui-ci était juste derrière d'ailleurs, et attrapa d'un bond la voleuse par la queue.
« Ça y est, je te tiens ! »
L'adolescent se rendit ensuite compte avec honte qu'il était entré dans une chambre de filles sans frapper, et qu'il les avait de plus gênées dans leur discussion. Il s'excusa du mieux qu'il put, mais ce ne fut pas nécessaire.
« Ce n'est pas grave, Luke, rit Sandra. De toute manière, c'est Gabrielle qui t'y a mené. »
~
Re: Créatures à Dublin
Bah tiens, vala la suite alors. :3
Chapitre VII – Permission inattendue
Enjoy !
Chapitre VII – Permission inattendue
- Spoiler:
- « Ce n'est pas grave, Luke. De toute manière, c'est Gabrielle qui t'y a mené. »
Tous trois se mirent à rire suite à cette remarque. Gabrielle se décida finalement à rendre le couvre-chef bleu à son propriétaire avant de se poser encore une fois sur la tête de Sandra. Celle-ci se remit à la caresser tendrement. Encore une fois.
« C'est incroyable, dit Flora avec un grand sourire, on dirait que tu as le même don que Luke avec ces créatures ... »
Son amie se contenta de montrer une mine très légèrement réjouie avant de soupirer.
« Si seulement ce n'était pas qu'avec Gabrielle, peut-être pourrions-nous les empêcher de se battre ...
- C'est vrai, c'est dommage, approuva le jeune garçon d'un ton sérieux. Cela nous aurait facilité la tâche à tous ... »
La discussion fut coupée par un bruit de pas qui venait du couloir. Dû à un petit groupe de personnes, qui apparemment vint toquer à la chambre du professeur. Les trois adolescents, curieux, ouvrirent la porte et découvrirent l'inspecteur Chelmey et son acolyte Barton. Ceux-ci furent aussi surpris que les enfants en les découvrant. Ils se regardèrent ainsi quelques rapides secondes, interrompues par la porte de la chambre d'hôtel qui s'ouvrit sur le gentleman.
« Oh, Inspecteur ! Quelle bonne surprise ! Que faites-vous donc ici ?
- Pour ne pas me vanter, les policiers anglais les plus expérimentés ont été invités à Dublin pour aider à résoudre cette affaire mystérieuse ...
- Oh, je vois ... Mais entrez donc ! » se reprit l'adulte au haut-de-forme en ouvrant le passage vers sa chambre.
Les policiers ne se firent pas prier et entrèrent, suivis des trois enfants et du professeur en dernier. Les deux créatures qui y étaient restées jusqu'à présent s'étaient envolées en sortant par la fenêtre – Matt à califourchon sur Nina – dès que les premiers coups retentirent sur la porte, et Gabrielle était restée à l'intérieur de la chambre voisine. En effet, il aurait pu être gênant, voire suspect pour les inconnus de les découvrir à l'intérieur même du bâtiment, aussi préférèrent-ils tous trois rester inaperçus.
Le professeur d'archéologie proposa deux chaises pour les invités, qui s'assirent rapidement autour de la table. L'inspecteur attendit que tout le monde y soit rassemblé avant d'expliquer sa venue.
« Layton, c'est la première fois que je demande l'aide d'un civil, mais cette fois nous avons un réel problème. Les forces de l'ordre restent cloîtrées au commissariat à réfléchir inutilement, alors que les B.N.I. menacent de détruire la ville, voire plus ... »
Tout le monde – excepté Barton – posta sur l'agent de police un regard interrogateur. Celui-ci s'attendait à cette réaction et avait également préparé la réponse.
« B.N.I. est le nom de code que Barton a trouvé pour définir le fléau du moment, si vous voyez ce que je veux dire ... Le commissariat l'a adopté aussitôt, ajouta-t-il en montrant une mine qui prouvait parfaitement qu'il ne partageait pas cet avis.
- Inspecteur, demanda timidement Emmy, qu'est-ce que cela signifie exactement ?
- Bestioles Non Identifiées. » répondit Barton avec un large sourire.
Les trois adolescents gloussèrent, essayant avec beaucoup de mal de retenir leurs rires, malgré tout peu appropriés à une situation à l'origine si grave. L'assistante du professeur tenta également de s'empêcher de pouffer en arrêtant discrètement sa respiration pour quelques secondes. Cette réaction impertinente des enfants ne fâcha cependant pas le policier, qui en profita pour donner son propre avis.
« Ne leur en voulez pas, Layton, ils ont raison. Comment peut-on prendre au sérieux une mission si son nom est ridicule ? C'est comme si on avait prévu d'utiliser l'arme nucléaire en secret au Vietnam* – ce qui n'arrivera évidemment pas – et qu'on avait baptisé ce projet « IDIOTIE » ou quelque chose dans le genre ! IM-POS-SI-BLE de la mener sérieusement, tout simplement. »
Les gloussements des adolescents devinrent finalement de forts éclats de rires, et cette fois-ci Emmy ne put s'empêcher de les imiter. Ce furent donc quatre personnes pliées en deux qui sortirent momentanément de la pièce, préférant de pas gêner les adultes dans leur discussion et se calmer dans la salle voisine. Seuls les trois hommes étaient restés impassibles et avaient gardé leur sérieux. En vérité, Barton était trop frustré par les moqueries dues à son nom de code pour en rire.
« Bref, reprit Chelmey, nous aurons de meilleures chances de venir à bout de ce mystère si nous collaborons. J'ai obtenu une permission du commissariat, vous pourrez sortir de l'hôtel à volonté, vous et vos amis. Du moment que vous restez prudents, bien évidemment.
- C'est très aimable, sourit le professeur Layton. Comment vous remercier, Inspecteur ?
- En nous offrant une aide efficace, peut-être. Plus tôt ces B.N.I. seront hors d'état de nuire, mieux ce sera. »
Le policier sembla réfléchir, puis ajouta :
« Au fait, je crois qu'il y a quelqu'un que je ne connais pas parmi vos amis ... Je me trompe ?
- Oh, vous devez parler de Sandra. C'est vrai que vous n'avez pas encore eu l'occasion de la connaître ... répondit son interlocuteur. Nous ne la connaissons que depuis hier soir, mais elle nous considère déjà comme ses amis ... Il semblerait. »
Cette dernière phrase lui mit la puce à l'oreille et il eut un léger sursaut presque imperceptible.
« Qu'entendez-vous par là, Layton ?
- Ce n'est pas encore véritablement prouvé, mais elle semble en savoir long sur les « B.N.I. ». Mais elle refuse de nous dire quoi que ce soit, pour une raison inconnue.
- Eh bien c'est notre première suspecte. »
Ces paroles aussi dures que rapides firent légèrement sursauter le professeur d'archéologie. A ce moment, Emmy, Luke et Flora reparurent discrètement dans la salle, calmés de leur fou-rire. Mais pas Sandra. Le professeur d'archéologie reprit soudainement la discussion, comme si de rien n'était. C'était même mieux que la jeune adolescente en question soit absente. Il valait mieux qu'elle ignore les soupçons qui pesaient sur elle.
« Peut-être ... Ou peut-être pas.
- Mais que voulez-vous dire par là ? Elle nous cache quelque chose à tous qui concerne l'affaire, elle refuse de nous le dire. C'est typique du suspect numéro un ! Qu'est-ce qui pourrait bien l'innocenter ?
- Elle cherche également à résoudre le mystère et mène sa propre enquête, de son côté. Flora m'a parlé d'un calepin où elle écrivait ce qui ressemblait à des notes d'enquête. Cependant, c'était dans une langue apparemment inconnue, et elle n'a pas pu les déchiffrer. »
L'agent de police londonien resta sceptique. S'il s'agissait d'une autre langue, la jeune adolescente aurait pu faire passer ses notes pour un rapport d'enquête aussi facilement que pour une liste de commissions ... Ou n'importe quoi d'autre. Ce n'était pas une preuve. Pas une preuve suffisante, du moins. Chelmey s'apprêtait à le faire remarquer lorsqu'un cri retentit dans le bas de la rue. Tout le monde se précipita et s'agglutina contre la fenêtre, d'où venait le bruit. Le dragon vert, Nina, maintenait un chien orange au sol. Toujours le même. Et une enfant les regardait ainsi, impassible. Avec Gabrielle sur la tête, comme toujours.
« Sandra ? » murmura Flora, ne comprenant pas.
Emmy ouvrit la fenêtre discrètement, de manière à pouvoir mieux espionner. Il s'agissait peut-être d'obtenir une preuve de culpabilité, après tout ... Le groupe se fit le plus silencieux possible. Il était hors de question que la suspecte ne se rende compte de leur présence.
Celle-ci s'approcha doucement du canidé qui se débattait en vain. C'était lui qui avait poussé ce cri. Ce fut difficile, mais les londoniens purent entendre la discussion que l'enfant mena avec la B.N.I. Cela ressemblait à un monologue, étant donné que l'interlocuteur ne répondait pas, mais c'était bien à lui qu'elle s'adressait :
« Je veux que tu me dises d'où tu viens. C'est très important. »
Cette déclaration surprit tout le monde dans la chambre d'hôtel. Ainsi, elle ne semblait pas avoir de lien si grand avec ces créatures, et ce geste semblait même lui procurer une preuve de son innocence ... Mais cela n'expliquait toujours pas son refus de collaborer. Une situation aussi étrange que paradoxale.
Pour toute réponse à la question de l'adolescente, le chien grogna. Personne n'eut besoin de Luke pour comprendre qu'il refusait catégoriquement de l'aider. Sandra soupira.
« Je ne veux pas mettre en place les grands moyens, mais peut-être préfèrerais-tu que nous te confions à la police ... »
Le chien noir ricana. La police de la ville n'aurait rien à faire de lui, il leur donnerait même du fil à retordre, n'ayant aucun mal à incendier le bâtiment dès la première occasion. L'inspecteur Chelmey et Barton blêmirent face à cette remarque, ayant fait un raisonnement similaire. La jeune fille garda son sérieux et ajouta une précision d'un ton encore plus grave qui fit évaporer le sourire malfaisant de la créature.
« Je ne parle évidemment pas de la police d'ici. »
Les policiers soupirèrent silencieusement, rassurés, mais se reprirent vite. Dans ce cas, de quel autre commissariat pouvait-elle bien parler ? Apparemment, un que le canidé craignait. Cette situation devenait étrange. Que pouvait donc craindre une créature aux capacités surnaturelles ?
« Non, bien sûr celle dont je parle aura tôt fait de trouver à qui toi et tes camarades appartenez, et nous découvrirons bien vite la raison de toute cette histoire... »
Elle s'arrêta là, entendant un bruit. Luke regretta d'avoir murmuré à l'oreille de son mentor un « Elle est innocente ? » un peu trop fort. Sandra ne se retourna pas vers la fenêtre. Ils avaient déjà remarqué qu'elle avait deviné leur présence à l'instant, et de toute manière le son de sa fermeture retentit. Ils étaient retournés autour de la table, probablement. Elle se tourna vers les deux créatures, comme si de rien n'était et répéta sa question :
« Alors ? D'où venez-vous, toi et tes amis, et qui vous a chargés de venir saccager cette ville ? »
Le canidé détourna la tête en faisant la moue. Impassible, l'enfant dirigea son regard vers Nina avant de lui faire un signe de tête approbateur. Le dragon passa une patte autour de la gueule du chien, l'empêchant de l'ouvrir. Il l'empoigna et s'envola avec lui. La créature noire se débattit, en vain. Sandra murmura pour elle-même, très légèrement inquiète.
« J'espère que Maman aura compris ... »
« Qu'en concluez-vous, Inspecteur ? »
L'interrogé ne répondit pas et se contenta de réfléchir. Il était clair que cette enfant n'avait rien contre qui que ce soit, si ce ne sont bien sûr les créatures qui cherchent à détruire la ville, pour une raison inconnue.
« Cette fille est un paradoxe à elle toute seule, un paradoxe très compliqué à démonter ...
- Chef ? tenta Barton, très gêné et devenant encore plus écarlate qu'une tomate. Ce ... Qu'est-ce qu'un paradoxe, au juste ? »
Son supérieur se passa la main sur le visage, essayant de garder la tête froide. Ce fut au professeur de répondre.
« Un paradoxe est tout simplement une situation qui se contredit elle-même. Et en effet, le comportement de Sandra est bien plus qu'étrange.
- Nous sommes tous d'accord sur ce sujet, approuva Emmy, gardant son sérieux contrairement à la dernière fois. Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée. Or, dans son cas, elle semble être les deux à la fois ...
- Emmy, vous voulez dire que pour vous Sandra est à la fois innocente et coupable ? Cela n'a aucun sens ! » s'étonna Flora, fronçant les sourcils ce qui montrait son incompréhension.
L'assistante du professeur marqua une pause, mais répondit rapidement.
« Non, comme une porte est soit ouverte soit fermée, Sandra est forcément soit innocente soit coupable. Mais le paradoxe est justement le fait qu'elle mélange les caractéristiques des deux ... »
L'adolescente en question était aussitôt retournée dans sa chambre, et prêtait une oreille distraite à la discussion voisine. Elle soupira tristement. Elle ne pouvait pas leur en vouloir de l'avoir espionnée. Elle paraissait suspecte, tout simplement. Trop suspecte. Gabrielle lui ébouriffa légèrement les cheveux, comme pour la ramener à la réalité. L'enfant sourit et prit l'écureuil blanc dans les bras, avant de le caresser tendrement.
« Il vaudrait mieux que tu te montres un peu moins affective, ou alors fais-le avec tous. Ils vont vraiment commencer à se poser des questions ... »
La créature pesta, ce qui remit en question la remarque de l'adolescente pour un court instant. Elle se plongea dans une autre réflexion, puis ajouta :
« Bah, après tout il faudra bien que cela arrive un jour ... La boucle devra être bouclée un jour ou l'autre. »
La petite B.N.I. crut à une remise en cause de ses précédentes paroles et se blottit dans les bras de la jeune fille. Cependant, elle précisa en souriant légèrement, comme s'il s'agissait d'un jeu :
« Mais pas maintenant. »
Note :
* : A ce moment, la terrible guerre du Vietnam n'est pas encore terminée.
Enjoy !
Re: Créatures à Dublin
Suite !
Chapitre VIII – Mystérieux calepin
Énigme 001 [99/99] : Qui serait capable de décrypter ce symbole, juste comme ça ? %D
Nah, je ne suis pas sadique, je vais poster la suite avant que vous ne trouviez la réponse. Car là, vous êtes très loin d'avoir de quoi le décrypter. x)
Chapitre VIII – Mystérieux calepin
- Spoiler:
- « Sandra ? Puis-je entrer ? »
L'adolescente ouvrit tristement la porte de sa chambre sur le professeur Layton. Elle tenta de sourire, mais sa question à l'allure froide ne pouvait pas aider à engager une ambiance chaleureuse dans la salle.
« Que voulez-vous, Professeur ?
- Nous voulions te demander pardon pour t'avoir épiée. »
L'enfant sursauta légèrement, étonnée. Elle s'attendait à une question toute autre, qui ne la rassurait pas. Celle-ci, en revanche, lui apporta une mine tendrement réjouie et un sourire véritable. L'adulte était vraiment désolé. Ses excuses étaient sincères, ce qui attira naturellement sa confiance.
« Ce n'est pas la peine. C'est ma faute, je vous ai lancés sur une fausse piste sans le vouloir. Mon comportement était suspect, il est normal d'avoir des soupçons autour de moi...
- Sandra, nous savons maintenant que tu es contre ces créatures, comme nous. Du moins, les trois qui cherchent à détruire la ville. »
Gabrielle lança un petit couinement qui fit soubresauter la jeune fille. Elle s'était tendue et avait pincé l'écureuil qu'elle caressait sans le vouloir. Elle craignait le pire ...
« Sandra, pourquoi refuses-tu de partager tes indices – apparemment nombreux – avec nous ? Tu sais très bien que cela nous ferait tous avancer bien plus rapidement ! »
Elle ne répondit pas et se contenta de baisser la tête en acquiesçant tristement. Elle le savait, mais elle n'avait pas le droit de les aider. Qu'elle puisse leur faire confiance ou non. Trois mots résonnèrent dans sa tête, comme pour le lui rappeler :
« Règle numéro cinq. »
Cependant, d'un autre côté, elle se souvint que la boucle devait être bouclée, comme elle l'avait dit quelques minutes plus tôt à Gabrielle. Mais pas maintenant. L'enfant fit un petit sourire amusé. Elle n'allait pas leur raconter tout de suite, mais elle pouvait du moins les mettre légèrement sur la piste. Légèrement. Elle devait être sûre de pouvoir leur faire pleinement confiance. C'était trop important.
« Je le sais, Professeur. Je le sais très bien, même.
- Dans ce cas, pourquoi refuses-tu de nous aider ? Cela n'a aucun sens !
- Cela semble n'avoir aucun sens à vos yeux. Parce que vous ignorez ce que je sais. »
Le gentleman marqua une pause, comme s'il cherchait un double-sens à ces paroles. Mais c'était clair comme de l'eau de roche : ce qu'elle cachait expliquait le fait qu'elle le cache. Un cercle vicieux dans toute sa splendeur paradoxale et logique à la fois.
« J'aimerais vraiment savoir ce que tu nous caches. J'espère que tu sais que le sort de la ville en dépend, Sandra ! Nous ne pourrons rien faire tant que le mystère ne sera pas dévoilé.
- C'est faux, Professeur. Que je vous divulgue mon savoir ou non, ces créatures disparaîtront, de même qu'elles sont venues. Très bientôt. Mais si vous voulez une autre raison au fait que je vous cache ce que je sais ... »
L'adolescente marqua une pause, comme cherchant ce qu'elle était sur le point de dire. Elle étouffa un petit rire, ne laissant transparaître qu'un mince sourire. Aussi énigmatique que ce qu'elle révéla à son interlocuteur.
« Disons que ... Si je vous le disais, vous ne me croiriez jamais sans preuves.
- Qu'en sais-tu ? » répliqua aussitôt l'adulte, resté sceptique.
Nouvelle mine à la fois réjouie et mystérieuse.
« Cela est trop extravagant. Ce secret dépasse toute logique apparente, c'est tout simplement trop difficile à croire pour paraître véridique. Vous qui vous basez tellement sur cette chère logique, vous seriez tout simplement incapable de croire en une telle histoire ... »
Le professeur d'archéologie eut cette fois du mal à garder son scepticisme. Il tourna son regard vers le bureau auquel la jeune fille était rassise. Le fameux calepin trônait dessus, ouvert sur des notes en vrac. Un crayon à papier se trouvait juste à côté. L'outil qui avait servi à l'enfant à écrire ce mystérieux « rapport d'enquête ». Celle-ci remarqua rapidement l'intérêt que portait l'adulte sur ce carnet, aussi répliqua-t-elle :
« Vous pouvez regarder si cela vous amuse. Cependant, mes notes sont rarement claires, j'ai mon propre dialecte écrit, si vous voyez ce que je veux dire ... Même quand j'écris en anglais. »
Le gentleman prit le petit livret, et avoua qu'il s'agissait en effet d'une suite de symboles et d'abréviations. Dans une langue étrangère, de surcroît. Inventées par la jeune fille afin d'écrire plus rapidement, sans doute. Il lui aurait fallu un bon moment pour décrypter ces notes, si l'enfant refusait de lui lire.
« Ce serait aimable de ta part de me raconter ce que tout ceci signifie ... »
Elle rit, et prit délicatement son carnet. Elle lut. Dans son patois étranger et incompréhensible, naturellement. L'adulte avait oublié de lui préciser qu'elle lui lise en anglais. Mais, après réflexion, cette réaction plutôt impertinente de l'adolescente montrait d'une certaine manière qu'elle ne voulait pas qu'il comprenne.
« Et qu'est-ce que cela signifie ? coupa le professeur au bout d'un moment, ne s'attendant cependant pas à une bonne réponse.
- C'est ce secret que je ne dois pas vous révéler. » sourit-elle.
Elle replongea son regard dans ses écrits, mais son sourire légèrement insolent s'évapora soudainement. Elle pâlit. Ces notes-ci dataient du moment où elle s'était emportée et avait commencé à écrire à toute vitesse. Et dans sa précipitation, ses notes avaient été écrites en grande partie en anglais. Le professeur Layton s'approcha d'elle, comme voulant lui demander si elle se sentait bien. Elle referma le livre précipitamment, créant un petit bruit. Mais trop tard, l'adulte avait déjà survolé quelques rares mots.
« Je... je vais bien, merci ... prononça-t-elle mécaniquement, le regard dans le vide.
- Si cela peut te remettre, Flora a préparé du thé, il est déjà cinq heures. Viens-tu nous rejoindre ?
- Dans quelques minutes, Professeur. Merci. »
L'homme au haut-de-forme se retira silencieusement. Rassuré de voir qu'elle était innocente, mais troublé face à ce refus catégorique de s'expliquer. L'adolescente prit son calepin et s'effondra sur son lit. Elle se releva précipitamment et l'ouvrit, essayant de voir ce que le gentleman avait bien pu discerner dans ses notes. Elle vit bien à plusieurs reprises le signe qu'elle voulait cacher le plus. Il l'avait vu, c'était sûr. Il était trop présent pour qu'il ne l'ait pas remarqué. L'enfant savait exactement ce que cela signifiait. S'il découvrait la signification de cette abréviation, alors il saurait presque tout.
« Règle numéro cinq. »
Ces mots résonnèrent encore une fois dans sa tête, à plusieurs reprises. Il ne devait pas savoir. Pas maintenant.
« Règle numéro cinq. »
La seule chose qui rassura l'enfant était que ce n'était qu'une abréviation. Encore fallait-il que le professeur ne la décrypte. Ce qu'elle craignait.
« Règle numéro cinq ! »
Sandra réfléchit. Après tout, il fallait encore qu'il prenne ce symbole au sérieux. Et c'était peu probable qu'il le fît. C'était une vérité bien trop difficile à avaler, trop absurde.
Une vérité non véridique. Une vérité qui semble fausse. Qui paraîtrait certainement aux yeux de quelqu'un de raisonnable comme le professeur d'archéologie comme un mensonge qui paraît vrai. Une vérité fausse, ou un vrai mensonge ? Encore un paradoxe qui la rassura.
Non. Il ne découvrirait pas son secret. Pas avant qu'elle ne lui fournisse un bon paquet de preuves. Qu'elle n'avait pas sur elle, en l'occurrence. Un petit rire s'éleva gracieusement et discrètement dans les airs. Ils n'apprendront rien en restant à Dublin. Elle ouvrit à nouveau le calepin et regarda encore la mystérieuse abréviation, un sourire rassuré aux lèvres.
« -> +. »
A suivre ~
Énigme 001 [99/99] : Qui serait capable de décrypter ce symbole, juste comme ça ? %D
Nah, je ne suis pas sadique, je vais poster la suite avant que vous ne trouviez la réponse. Car là, vous êtes très loin d'avoir de quoi le décrypter. x)
Re: Créatures à Dublin
Suite ! :]
Chapitre IX – Séance de décryptage : première tentative
Chapitre IX – Séance de décryptage : première tentative
- Spoiler:
- « Tiens, voilà Sandra ! » remarqua Luke en se tournant vers la nouvelle venue.
En effet, l'adolescente se trouvait dans le cadre de la porte. Elle entra calmement dans la chambre du professeur, où tout le monde – excepté les policiers, rentrés depuis un moment au commissariat – s'était rassemblé autour d'un bon thé chaud, que Flora avait préparé.
« Eh bien, Professeur, prononça calmement celle-ci, sur un léger ton à la fois amusé et sérieux. Avez-vous trouvé des indices intéressants dans mes notes ? »
Le gentleman la regarda sans comprendre. Il commença par nier, sous prétexte qu'il n'avait pas eu assez de temps pour bien se souvenir du texte. L'enfant le regarda, sceptique.
« Entre le moment où vous vous êtes approché et celui où j'ai refermé le carnet, il y avait assez de temps pour retenir ne seraient-ce que deux ou trois mots, non ?
- Encore faut-il les décrypter, Sandra. » répliqua-t-il avant de boire une gorgée.
Le reste du groupe les regardait sans comprendre. On aurait pu croire que ce décryptage n'était qu'une énigme banale pour le professeur, soumise par Sandra. Un simple défi à relever, un divertissement.
« De quoi vous souvenez-vous, Professeur ? » demanda Flora, soudainement prise par le jeu.
Après tout, des indices importants étaient peut-être à la clé. Il suffisait qu'il se soit souvenu des bons symboles. Le professeur d'archéologie sortit de sa poche un petit carnet et un crayon et commença à écrire, plongé dans sa mémoire visuelle afin d'en extraire tout ce qu'il avait pu retenir de ces quelques secondes d'observation. Personne n'osa bouger, de peur de le déconcentrer. Il s'agissait d'un grand effort de mémoire, qui parut très compliqué.
Finalement, le gentleman posa le calepin sur la table qui trônait au milieu de tous.
« Ce ne sont que quelques extraits, et pas forcément dans l'ordre. Sandra, as-tu bien utilisé tout ceci dans tes notes ? »
La jeune fille se pencha et survola attentivement le livret. Elle approuva en souriant, avec une très légère pointe de nervosité. Ce défi relevait du mythique pari anglais, et quoiqu'il fût son premier, elle sembla y prendre goût rapidement. Le fameux professeur d'archéologie qui avait une renommée légendaire quant à sa capacité de raisonnement allait-il réussir à décrypter ces mystérieuses inscriptions ?
« Vous avez une excellente mémoire, Professeur. Même si ce ne sont que quelques extraits dans un ordre plutôt anarchique, tout est exact. »
Les règles du « pari » n'ayant pas spécifié que le gentleman dût résoudre l'énigme de décryptage seul, ses amis se penchèrent également vers les mystérieuses abréviations anglaises, autant par curiosité que par envie de résoudre l'énigme, et le mystère qui allait avec elle.
« C'est tout ce que j'ai retenu, avoua le professeur. C'est peu, mais cela semble apporter plusieurs choses. Apparemment, des questions supplémentaires, à moins que les points d'interrogation n'aient une autre signification ...
- Je peux vous l'assurer, Professeur, répliqua Sandra, ce sont des détails très importants que vous avez là. Ce sont bien ceux que je vous cache. Mais maintenant que vous les avez, je ne peux plus vous les sortir de la tête ... »
Le groupe se lança sans tarder dans le décryptage, symbole par symbole. Si le gentleman avait de plus retenu les plus importants, des indices sur le mystère se trouvaient à la clé.
« Commençons par ce « M » entouré, proposa l'homme au haut-de-forme. Quelqu'un a-t-il une idée de ce que cela pourrait désigner ? »
Sandra ne réagit pas. Il était évident qu'elle savait parfaitement la signification de la page entière, mais ses amis devaient se débrouiller. Elle n'allait pas leur donner d'indices, du moins pas aussi facilement. Emmy proposa, au bout d'un long moment :
« Cela me rappelle quelque chose, dans mes anciens cours de physique ... C'est un symbole pour les schémas en électricité, non ?
- Peut-être, dit Luke en faisant la moue. Je ne suis pas vraiment un génie des sciences, moi cela ne me dit rien ...
- C'est bien cela, Emmy, s'interposa le professeur. Si je ne me trompe pas, cela désigne un moteur, dans un circuit électrique ... Sandra parlerait d'un moteur ?
- « Autre moteur à – flèche – plus – point », lut Flora, peu convaincue. « Moteur » ne semble pas si approprié que cela, il s'agit après tout d'un texte tout-à-fait lisible ...
- « Machine » ? proposa l'adolescent à la casquette bleue. Cela donne « Autre machine à – flèche – plus – point. » C'est déjà plus compréhensible. Mais, une machine à quoi ?
- Le « flèche – plus – point » nous le dira sans aucun doute » répondit son mentor, sûr de lui.
Le premier symbole était décrypté. Le groupe se concentra donc sur le suivant. La seule méthode dans ce cas précis d'énigme était de s'attaquer à chaque détail un par un.
« Une flèche désigne généralement une direction ou un mouvement, continua l'assistante du gentleman. Cela veut-il dire que cette « autre machine à » doit aller quelque part ? Mais nous ne savons même pas à quoi elle sert !
- Non, Emmy. Si tu veux mon avis, ce symbole indique à quoi sert cette mystérieuse machine. Un « à » ne traîne pas ainsi, sans autre raison. Et je doute que Sandra ait l'idée de mettre de fausses pistes. Elle a apparemment écrit trop rapidement pour penser au fait que quelqu'un d'autre lise un jour. »
L'adolescente en question restait silencieuse, et se contentait de boire son thé en écoutant attentivement. Elle savait pertinemment où étaient les erreurs et les bonnes réponses du groupe. Mais elle ne devait pas les aider.
« Peut-être la boucle devra-t-elle être bouclée lorsqu'ils auront décrypté ces notes ? » songea-t-elle, tout en caressant Gabrielle. Comme toujours, l'écureuil trônait sur sa tête et se réjouissait des caresses de l'enfant.
« Il faut donc à mon avis écarter l'idée de la direction, s'interposa Luke. « Machine à direction » n'a aucun sens, peu importe le nom que l'on donne à cette direction ...
- Très bonne remarque, Luke, fit son mentor, un sourire aux lèvres. Il nous faut donc nous concentrer sur son autre signification logique : un mouvement.
- Une machine à créer du mouvement ? » déduisit Flora, rapidement mais sans comprendre le véritable problème que causait cette « révélation ».
Sandra se sentit soudainement observée et posa sa tasse délicatement. Elle pensait être déterminée à ne pas donner d'indices, mais les regards de ses amis étaient bien trop suppliants. Ils étaient à côté de la plaque.
« La flèche désigne bel et bien un mouvement. Mais c'est un autre type de geste ... plus symbolique, peut-être. »
Le professeur d'archéologie prêta une oreille particulière à la dernière phrase. Un type de geste plus « symbolique », qu'est-ce que cela pouvait bien signifier ?
« Aussi, je vous conseillerais de voir l'expression allant de la flèche au point compris ensemble. »
Emmy nota qu'elle n'avait pas répété ce qu'ils avaient tous dit à propos de cette suite de symboles. Autrement dit, elle avait remplacé le « flèche – plus – point » par un « de la flèche au point compris ».
« Professeur, l'interprétation du « plus » que nous avons trouvée me semble étrangement suspecte ... Est-ce bien un signe plus ? »
Sandra ne cacha pas assez bien son émotion du moment pour que le groupe ne la remarque pas. Visiblement, la jeune lady était tombée juste. Ce n'était pas un « plus », mais un autre signe qui lui ressemblait et avait été mal interprété par les londoniens.
« Le point ne semble pas avoir de très grande importance, ajouta Luke. On l'utilise souvent après une lettre pour montrer que c'est un mot complet. Comme « B.N.I. », par exemple.
- J'en conclus que d'après toi, ce « plus » est une lettre, compléta Flora. Mais laquelle ?
- Sandra a écrit ces notes très rapidement, j'ai recopié ce que j'ai vu. Si cette lettre a été prise comme un signe « plus », c'est qu'elle a été écrite trop vite. Les seules lettres qui ressemblent véritablement à une croix sont le « x » et le « t » minuscule.
- Le « t » ? s'étonna l'adolescente. Cela ne ressemble pas à un « t » ! Pas tel que je l'écris ou que je le lis dans un journal ou un roman, du moins. »
Le gentleman marqua une pause, et posa sa tasse de thé avant de prendre son calepin et de l'observer.
« J'ai recopié ce que j'ai vu, et visiblement Sandra n'a pas pris cela comme une erreur. En prenant en compte le fait que nous pouvons lui faire confiance, elle écrit ainsi ses « t ». Du moins lorsqu'elle prend des notes à toute vitesse. A mon avis c'est un « t », car si c'était un « x » Sandra aurait dû réagir. »
La concernée hocha discrètement la tête et sourit. Le professeur Layton méritait sa réputation légendaire. Il ne négligeait véritablement aucun détail, aussi petit – voire superflu en apparence – soit-il.
« Une flèche qui désigne un mouvement et un mot qui commence par « t » ... réfléchit Luke tout haut, en levant la tête au ciel.
- Un mouvement symbolique et une machine ... Une machine qui crée le mouvement perpétuel ? tenta Emmy, loin d'être certaine d'elle. Non, cela n'a aucun sens.
- De plus, c'est un « p », et non un « t ». », contesta le professeur.
C'était bien une machine, capable d'une chose « incroyable » d'après Sandra. Tellement incroyable qu'ils ne devraient pas pouvoir y croire sans preuve de son existence. Le mouvement perpétuel était à écarter, bien que respectant cette condition. Le « t » était cependant une preuve que ce n'était pas cela.
« Non, cette machine serait capable de quelque chose d'autre, toute aussi fantaisiste ...
- Comment êtes-vous sûr que c'est quelque chose de « fantaisiste », Professeur ? demanda Flora, ne comprenant pas.
- Sandra me l'a dit, et je pense pouvoir lui faire confiance, répondit-il en prêtant un sourire à l'adolescente en question. Cependant, il faut trouver cette utilité illogique de cette mystérieuse « Autre machine à ... »
- Un mouvement, c'est pour aller d'un lieu à un autre, reprit son assistante. Mais de où à où, c'est une excellente question ... »
Tous se turent, tentant de rassembler ce qu'ils savaient. Ce mouvement était symbolique. Donc peut-être que peu importait l'endroit de son départ et de son arrivée ...
« Et si cela désignait tout simplement le mot « voyage » ? proposa Luke. Ou plutôt « voyager », cela donne « Autre machine à voyager – t. »
- C'est très bien pensé, Luke ! sourit Flora. C'est cela, Professeur ?
- Cela me semble probable ... Quant au « t » ... « Voyager – t » ... »
Sandra tressaillit. Gabrielle commença à lui sauter sur la tête en poussant de petits cris affolés. Finalement, l'écureuil s'envola vers la fenêtre et la renifla, à la recherche de quelque chose. Quelque chose qui l'inquiétait.
« Gabrielle, que se passe-t-il ? » demanda l'apprenti du professeur, soudainement inquiet.
La créature allait répondre lorsqu'une masse violet sombre fonça dans son dos, de l'autre côté de la vitre. Elle se retourna en vitesse et fit un bond en arrière. C'était bien ce qu'elle craignait. La chauve-souris à quatre ailes se précipita contre ce qu'il restait de la fenêtre – car personne n'avait pu réparer les dégâts du combat précédent. Elle se retrouva sans gros encombres dans la chambre du professeur, et l'écureuil volant préféra se poster devant ses amis. Ce n'était pas le meilleur endroit pour se battre, mais elle n'avait visiblement pas le choix.
« Professeur, cette fois je m'en occupe. » décida Emmy en se postant à côté de Gabrielle.
Celle-ci lui fit des petits couinements pour l'en dissuader, approuvés par tous ses amis, mais la décision de l'assistante était prise.
L'énorme chauve-souris commença à l'attaquer, mais la jeune lady évita rapidement la charge, et en profita pour lui donner un coup de poing dans le dos, qui augmenta soudainement l'élan de la créature et l'envoya contre le parquet dans un bruit lourd.
La B.N.I. eut du mal à se relever, car bien que disposant de deux paires d'ailes, des pattes lui permettant de marcher semblaient lui faire défaut. Mais elle le fit assez rapidement pour éviter le deuxième coup qu'allait lui donner l'assistante du gentleman. Apparemment vexée de se faire battre par un être humain, elle se mit à frapper sérieusement, et la mordit violemment au bras, alors qu'elle s'en servait pour se défendre.
« C'est qu'elle a de belles dents ! » geignit-elle après un petit cri de douleur.
Profitant d'un manque d'attention de la part de son adversaire, la chauve-souris commença à lancer d'étranges boules violettes et nauséabondes. Emmy réussit à en éviter beaucoup – malgré l'effet de surprise – mais l'une des attaques toucha la blessure et se mêla au sang de la plaie. Une nouvelle souffrance, encore plus vive, se fit ressentir. Ses amis la surprirent à tituber mollement avant de s'effondrer au sol. Le professeur la rattrapa de justesse, très inquiet. Luke l'aida à la transporter doucement dans sa chambre avant de l'allonger dans son lit.
« Mettez-vous tous à l'abri, ordonna Sandra d'un ton extrêmement sérieux. Gabrielle et moi nous chargeons de la situation. »
Déboussolés, les londoniens exécutèrent les ordres et vinrent rejoindre la chambre de la jeune lady, toujours allongée.
« Professeur, c'est vous ? » souffla-t-elle, d'un ton à peine audible.
Cette mystérieuse boule de liquide qui s'était mêlé à son sang devait être un dangereux poison. Mais, de quelle sorte ? De toute manière, ses amis ne disposaient malheureusement d'aucun médicament sur le moment. Et l'espérance que le venin ne disparaisse de lui-même était très maigre.
L'assistante les distinguait à peine, sa vue commençait à se voiler. Était-elle sur le point de devenir aveugle, ou était-elle seulement en train de fermer les paupières, trop épuisée pour garder les yeux ouverts ? Cela devait être cela, elle ne faisait que fermer les yeux ...
...
Le noir total apparut enfin, et la jeune femme sombra dans l'inconscience.
Re: Créatures à Dublin
Suite !
Chapitre X – Guérison suspecte
Chapitre X – Guérison suspecte
- Spoiler:
- 18 mars 1975 – Vingt-trois heures
La porte de la chambre d'Emmy s'ouvrit silencieusement sur Sandra et Gabrielle, toujours posée sur sa tête. L'assistante du professeur était toujours inconsciente, elle souffrait et semblait avoir du mal à dormir en paix. Rien de plus normal, étant donné qu'un poison – probablement contenu dans cette mystérieuse boule nauséabonde qui se mêla dans sa blessure – l'avait rendue malade quasiment aussitôt.
L'adolescente se rapprocha discrètement, s'assit à côté du lit où se trouvait la jeune lady et lui prit délicatement le bras blessé. Le professeur avait désinfecté et pansé la plaie, mais c'était inutile. Le poison était déjà dans le sang. L'enfant ouvrit sa sacoche qu'elle avait prise, silencieusement.
« L'antidote ne laisse aucune trace. J'espère seulement qu'ils croient aux miracles ... » songea-t-elle, angoissée.
Si elle se faisait prendre, elle serait obligée d'avouer ce qu'elle savait.
« Ils sauront. La boucle doit être bouclée. Mais pas avant le 23. C'est lui qui me l'a dit. »
Elle sortit une petite fiole orange contenant un liquide transparent à vaporiser, puis défit délicatement le bandage, laissant la trace de la morsure à l'air libre. La jeune fille secoua légèrement son produit avant de répandre le liquide pulvérisé sur toute la plaie ainsi que sur le tissu qui la protégeait. Ceci fait, elle renoua le bandeau, en prenant garde à ne pas trop le serrer afin de ne pas bloquer la circulation de son sang. Le médicament devait agir partout où le poison était passé.
Même si cela risquait de réveiller la londonienne, l'adolescente posa le dos de sa main contre son front. L'assistante du professeur avait de la fièvre, mais elle ne tarderait pas à baisser. Sandra se leva doucement et commença à s'éloigner à pas de loup.
« Heureusement qu'ils ne l'ont pas emmenée à l'hôpital, je n'aurais rien pu faire ... Et les infirmiers non plus ! »
L'enfant allait refermer la porte derrière elle lorsqu'elle entendit derrière elle la voix fatiguée et tremblante d'Emmy. Elle s'était réveillée.
« Sandra ? Que fais-tu ? »
La concernée se mordit la lèvre. L'excuse de la « guérison miraculeuse » était tombée à l'eau. Il fallait en trouver une autre, et vite.
« Je ... je m'inquiétais à propos de ce combat, je voulais voir si vous alliez mieux, mais je vous ai réveillée ...
- Ce n'est pas grave, sourit la jeune lady malgré sa fatigue. De toute manière, il fallait bien que je le fasse à un moment ou à un autre. »
Elle bâilla doucement, puis regarda son bras et remarqua que la plaie avait été en partie traitée pendant son inconscience.
« C'est toi qui as fait ça ?
- Non, c'est le professeur. Je n'ai fait que vérifier que vous vous portiez bien.
- Et qu'as-tu dans la main ? »
L'adolescente sursauta. Elle n'avait pas pensé à cacher la fiole vide qui contenait le médicament.
« Pas avant le 23. Nous sommes le 18. »
« C'est du désinfectant, mentit l'adolescente, sur un ton qui parut sincère. La bouteille traînait sur votre table de nuit, mais comme c'était vide, autant la jeter ...
- Je vois mal, mais cela ne ressemble pas vraiment à du désinfectant. Et ... c'est moi ou le « poison » de cette grosse boule de tout-à-l'heure est parti tout seul ? » ironisa-t-elle, un sourire en coin.
Elle était trop maligne pour se faire avoir par une telle excuse. Aussi continua-t-elle dans sa réfutation de la thèse avancée par la jeune fille.
« C'est un médicament qui soigne ce mystérieux poison, je me trompe ? »
Sandra baissa la tête, mais fit signe que l'assistante du professeur n'avait pas fait d'erreur dans son raisonnement.
« Où l'as-tu trouvé ? Je doute que ce soit à la pharmacie.
- Non, en effet.
- Dans ce cas, d'où vient-il ? »
L'adolescente ne répondit pas.
« Du même endroit que ces créatures, je suppose. Puisque ça peut soigner le poison de l'une d'elles, et qu'il existe une grande variété de venins, tous différents. On ne soigne pas une morsure de « chauve-souris violette » avec un antidote prévu pour le venin de vipère ... »
L'enfant demeura silencieuse, fixant de plus en plus ses bottes noires. Elle connaissait l'aboutissement de la déduction suivante.
« Tu sais d'où ces bêtes-là viennent. Et ... ne viendrais-tu pas du même endroit qu'elles ? »
Sandra tenta de hocher la tête négativement, prise d'une extrême nervosité, mais c'était perdu d'avance.
« Ce n'est pas la peine de nier, Gabrielle en est la preuve. Je suppose que tu la connais depuis un moment, et que c'est cette habitude de la porter sur la tête qui est à l'origine de tes cheveux électriques. »
Elle regarda sa chevelure brune. Elle volait, et quelques cheveux se collaient à l'écureuil électrique.
« C'est cela qui nous a mis la puce à l'oreille à tous. C'était la seule explication possible. »
L'enfant pesta intérieurement.
« Trahie par la physique ... » marmonna-t-elle en faisant un petit sourire nerveux.
« Sandra, ce n'est pas une preuve de ta culpabilité. Tu es venue ici, pour défendre la ville des autres créatures, qui elles cherchent à la détruire.
- C'est inutile de le nier, en effet ...
- Donc, tu es innocente. Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi tu ne nous as rien dit dès le début. Cela n'a aucun sens !
- Oh, si, Emmy, répliqua tristement l'enfant. Cela en a un, qui explique également pourquoi, en théorie, tout ceci n'aurait jamais dû se produire. »
L'assistante la regarda, perplexe. La jeune fille était sincère.
« Qu'entends-tu par là ?
- Je ne dois pas vous le dire.
- Mais pourquoi donc ?! »
Emmy se retint soudainement de s'écrouler dans son lit. Elle s'adossa contre le mur avant de se prendre la tête avec son bras valide. Visiblement, bien que l'antidote ait déjà agi en partie, elle restait épuisée, et le fait de s'énerver ne pouvait que la fatiguer davantage.
Son amie ouvrit à nouveau sa sacoche et en sortit un petit fruit bleu, qu'elle lui tendit.
« Qu'est-ce que c'est ? s'étonna-t-elle, en fixant la baie avant de porter son regard vers celle qui le tenait.
- C'est une spécialité de chez moi, une « baie Oran ». C'est très vitaminé, vous vous sentirez mieux. »
D'abord légèrement méfiante, la jeune lady se décida finalement à accepter l'offre et le prit. Le professeur Layton la jugeait digne de confiance, alors elle aussi pouvait la juger comme telle. Le fruit était délicieux, et mélangeait toutes sortes de saveurs. Un goût unique, que l'assistante ne s'attendait pas du tout à retrouver.
« Tu n'as cependant toujours pas répondu à ma question. Tu n'espérais tout de même pas m'acheter avec ça ! »
L'adolescente eut un petit rire amusé.
« Si je vous ai donné cette baie, c'est seulement parce que vous étiez à bout de forces, rien de plus. Quant à votre question, le fait d'y répondre mène à vous dire ce que je ne dois pas vous raconter.
- Cela rejoint ce qu'ont dit Gabrielle et Nina quand nous les avons soignées ...
- Exact. »
La discussion tournait en rond. Comme toujours, Sandra était visiblement déterminée à ne rien dévoiler.
« Vous devriez dormir, nous en reparlerons demain, si vous voulez. »
Emmy ne répondit pas, préférant se rallonger. A quoi bon parler de ce mystère, puisque l'enfant ne dirait rien ?
Oubliant ce détail, l'assistante du professeur exécuta le conseil de la jeune fille, qui repartit dans sa propre chambre, toujours accompagnée de Gabrielle. Peut-être changerait-elle d'avis, après tout ...
Re: Créatures à Dublin
Chapitre XI – La charrue avant les bœufs
- Spoiler:
- 19 mars 1975 – Huit heures
« Emmy ! Mais que fais-tu debout ?! »
Le professeur Layton s'apprêtait à retourner dans la chambre de son assistante afin de voir son état, lorsqu'il la surprit à tenter de toquer à sa porte, alors qu'il venait de l'ouvrir pour sortir. Elle était encore très légèrement pâle, mais elle semblait malgré tout en pleine forme. C'était bien cela qui le sidérait, lui qui s'attendait à la voir clouée au lit, encore très fiévreuse et souffrante.
« Oh, Professeur ! Ne vous inquiétez pas pour moi, je vais beaucoup mieux, sourit-elle.
- Je crois voir cela, en effet ... marmonna-t-il, perplexe. Mais comment est-ce possible ? »
Pour toute réponse, la jeune lady lui montra une fiole orange vide qui était jusqu'alors restée sur sa table de nuit. Sandra avait oublié de la reprendre la veille, et la londonienne avait cru bon de ne pas le lui faire remarquer.
« Qu'est-ce donc ?
- Certainement ce qui fait que je sois encore en vie à cette heure-ci, répondit-elle. C'est un « antidote » d'après l'étiquette, apparemment prévu pour soigner ce genre de poisons ...
- Mais d'où cela vient-il ? »
L'assistante marqua une pause brève, puis reprit.
« Des affaires de Sandra. Elle m'a rendu visite hier soir, pour s'en servir. J'étais encore inconsciente, mais ce n'est pas difficile de deviner ce qu'elle a fait ... Et au moins, un détail est mis au clair : elle vient du même endroit que les créatures, ce qui explique qu'elle semble les connaître si bien, sans pour autant être forcément à l'origine de toute cette histoire. »
Le gentleman ne fut pas surpris lorsque son assistante lui donna cette information. Finalement, c'était prévisible. Cependant, elle préféra changer légèrement de sujet, proposant de prendre le petit-déjeuner. L'homme au haut-de-forme étouffa un petit rire discret avant de l'accompagner dans sa chambre, où comme toujours tout le monde s'était rassemblé. La mystérieuse adolescente comprise.
Le repas commença, plongé dans le silence. Du moins, jusqu'à ce que la jeune étrangère se décidât à parler.
« Il faut que je vous dise quelque chose à vous tous, concernant l'affaire. »
Tous les regards se portèrent tout naturellement vers elle. Des regards curieux et suppliants. L'enfant s'était-elle enfin décidée à leur expliquer ? Elle prit tranquillement un sucre de la table qui trônait au centre de tous avant de le plonger dans son thé. Tout en remuant la boisson chaude avec sa cuillère, elle continua.
« C'est bien la première fois que je vois des gens aussi tenaces face à un mystère qui sera résolu de toute manière, qu'ils sachent ou non ... Si cela peut vous rassurer, il y aura bien un jour où vous découvrirez tout.
- Quand ? ne put s'empêcher de demander Luke.
- Bientôt. Aussi, vu votre impatience certaine à vouloir élucider cette affaire, je me suis décidée à vous expliquer certaines choses. Mais pas d'autres. »
Décidément, derrière cette simple paire de lunettes et cette chevelure brun sombre se cachait une véritable tête de mule. Cependant, l'archéologue sembla accepter cette réaction, et la prit comme un jeu.
« Je suppose que ce que tu continueras de nous cacher seront toujours les mêmes réponses aux mêmes questions, les plus fondamentales.
- Je vous donnerai les détails, mais pas l'essentiel, ajouta-t-elle en faisant un sourire aussi énigmatique qu'à son habitude.
- En gros, nous serons gâtés d'informations superflues sans en connaître l'origine ... soupira Emmy. Nous allons mettre la charrue avant les bœufs.
- ... Exact. »
Le professeur Layton remarqua que Sandra avait fait, pendant une fraction de seconde, une figure qui laissait passer qu'elle avait mal compris un détail dans la phrase de son assistante, et son « Exact » ne parut pas si convainquant qu'à son habitude. Tout était pourtant clair dans la phrase de la jeune lady ...
« Dis-moi, Sandra, reprit-il d'un ton légèrement soupçonneux. A quoi ressemble un bœuf ? »
La jeune fille manqua de s'étrangler avec son thé en entendant cette question. Il y était, il avait compris. Et il s'était apparemment attendu à ce qu'elle ignore la réponse, puisqu'il continua presque immédiatement, d'un ton ironiquement calme et détendu.
« C'est la première fois que tu entends parler d'une telle créature, il semblerait. »
Sa figure devint encore plus rouge qu'une tomate. Elle hocha la tête timidement, d'un air approbateur. Flora et son ami, eux, ne comprirent tout simplement pas comment elle pouvait ignorer l'existence des bovins.
« Mais comment est-ce possible ? s'exclama celui-ci, sidéré. Même dans la ville la plus industrialisée, on a forcément entendu parler des animaux de la ferme !
- Calme-toi, Luke, coupa son mentor, soudainement très sérieux. Si elle ne les connait pas, peut-être est-ce parce qu'ils n'existent pas là d'où elle vient ... Je me trompe ? » ajouta-t-il en s'adressant à la jeune intéressée.
Celle-ci approuva silencieusement, le regard fixé sur ses bottes.
« Mais, en contrepartie, je suis prêt à parier qu'il y a de nombreuses choses que tu connais dont nous ignorions l'existence jusqu'alors, comme les créatures, ou ... ceci, par exemple. »
L'adolescente avala de travers une deuxième fois et fut prise d'une vive quinte de toux. Le professeur d'archéologie montrait dans sa main la fiole orange qui contenait l'antidote de la veille. Et elle se souvint alors l'avoir oublié dans la chambre d'Emmy. Oui, il avait découvert de nombreux détails. Peut-être certains dont elle ne voulait pas particulièrement parler.
« Il semblerait d'après Emmy que c'est un antipoison, un « antidote » selon l'étiquette affichée dessus. Produit exprès pour soigner le poison d'une créature, je précise bien. Où l'as-tu obtenu ?
- En pharmacie, chez moi cela s'achète aussi facilement que des pastilles pour la gorge ...
- Mais parfaitement, Sandra, coupa l'adulte avec un sourire aux nuances aigres et douces à la fois. Chez toi. »
L'enfant se mordit la lèvre. Cela lui avait échappé, mais il avait déjà compris de toute manière.
« Professeur, s'interposa son assistante d'un ton presque suppliant, laissez-moi proposer ma version des faits, si vous le permettez. J'ai de nombreuses hypothèses que j'aimerais vérifier ...
- Allez-y, Emmy, prononça gravement la jeune étrangère, les yeux cependant noyés dans son thé. Je vous écoute.
- Ce qu'on a vu et prouvé, c'est que toi et les créatures n'êtes pas d'ici, c'est certain. Ensuite, là où doit entrer ce qui est « incroyable » comme tu nous le disais, j'ai pensé aux « univers parallèles ». C'est fantaisiste, et cela peut expliquer le fait que deux cultures complètement différentes se soient développées séparément, sans jamais se croiser ...
- Emmy, s'interposa Luke. Êtes-vous sûre de ce que vous avancez ?
- Ce n'est qu'une hypothèse, qui m'est venue à l'idée peu après une réflexion sur cette fameuse « machine à voyager – t. » que l'on a trouvé dans les notes de Sandra. Ce serait tout simplement une machine qui permettrait d'aller d'un « monde » à l'autre. Quant au fait que tu refuses de nous parler de cette machine, Sandra, c'est parce qu'elle doit rester dans le secret, je suppose ... »
L'adolescente se mit à rire doucement.
« Vous y êtes presque, mais ce n'est pas encore ça. Même si c'est dans un principe tout aussi irrationnel et qui s'en rapproche ... Ce qui m'étonne est que vous ayez réussi à trouver une autre solution qui coïncide avec les faits, sans pour autant être la bonne ... »
L'assistante du professeur crut comprendre qu'elle était légèrement à côté de la plaque, sans pour autant être très loin de la vérité. Son mentor comprit cependant qu'ils n'allaient pas obtenir d'informations supplémentaires pour le moment, aussi changea-t-il de question :
« Sandra, pourquoi es-tu venue ici ? Je doute que ce soit par hasard ...
- ... En effet, on m'avait prévenue que quelque chose allait se produire ici. Mais j'étais encore loin au départ de me douter que ce « quelque chose » serait une apparition de pokémon particulièrement... »
Elle s'arrêta dans sa phrase. Les londoniens la regardaient sans comprendre depuis le mot « pokémon ». Elle en avait fait usage sans même s'en rendre compte. Aussi s'expliqua-t-elle.
« Comme vous les appelez ici « créatures » ou « B.N.I. », chez moi le nom que nous leur donnons est communément « pokémon ».
- J'avais cru comprendre, répliqua l'apprenti, mais j'avais tout de même un doute ... alors comme ça tu viens de loin ! Comment s'appelle le lieu où tu habites ? »
L'adolescente sembla réfléchir, comme si elle se demandait les conséquences que pouvait engendrer le fait de répondre. Mais elle se résigna à l'idée que cela n'était finalement pas d'une importance capitale.
« Je vis à Entrelasque. C'est une ville plutôt importante de la région d'Unys, mais sans être pour autant la capitale ... »
Elle marqua une pause, puis reprit avec un léger sourire.
« Cela ne vous dit rien, n'est-ce pas ?
- Non, en effet, prononça Flora, en partie déboussolée.
- Sandra, continua le professeur, en changeant une fois de plus le thème de la conversation. J'ai cru comprendre que tu voulais te débrouiller pour te charger des « pokémon », comme tu dis. Mais j'aimerais tout de même que tu nous expliques ce que tu comptes faire. »
L'adolescente prit une autre gorgée de son thé avant de poser sa tasse sur la table.
« En ce qui me concerne, c'est en effet difficile d'agir moi-même. Mais nous avons aussi des pokémon dans notre camp, je vous rappelle !
- En parlant de ça, reprit le garçon à la casquette bleue. Tu les connais depuis longtemps ?
- Nina depuis quasiment dix ans, Matt et Gabrielle depuis un peu plus de quatre ans. Chez moi, les pokémon et les hommes vivent en harmonie ensemble, pour la plupart. Généralement, c'est plutôt utile, mais je pense que vous voyez suffisamment ce qui peut se produire si leurs intentions sont mauvaises ... »
Le groupe entier acquiesça gravement.
« Et je sais très bien que les luttes sont dangereuses pour tout le monde, mais c'est malheureusement le seul moyen d'en venir à bout. Après, il faut tout simplement les ramener chez moi. La police de là-bas saura mieux s'en occuper que n'importe qui d'autre. »
Cela rappela aux londoniens lorsque le dragon vert avait emporté le chien noir et orange vers un fameux « commissariat mystérieux ». Elle devait parler de celui-ci, et en effet il devait être bien mieux équipé pour résister aux attaques des pokémon ...
Même si Sandra s'était enfin décidée à éclaircir un peu le mystère qui enveloppait les créatures, le professeur d'archéologie manquait encore de beaucoup trop d'éléments pour pouvoir l'élucider pleinement. Il soupira. Ce n'était pas en restant à Dublin qu'ils allaient pouvoir répondre à la plupart de leurs questions. Mais dans ce cas, où aller ? L'endroit où vivait la jeune adolescente semblait regorger d'indices, mais il fallait encore pouvoir comprendre comment s'y rendre ... Et encore fallut-il que celle-ci soit en accord avec cette escapade, ce qui ne paraissait pas non plus être une simple affaire.
Re: Créatures à Dublin
Modification de la bannière, pour ceux qui veulent !
Chapitre XII – Inspection en ville
Chapitre XII – Inspection en ville
- Spoiler:
- « Professeur, puisque nous pouvons sortir désormais, pourquoi n'en profiterions-nous pas ? »
Cette remarque d'Emmy lui rappela qu'ils en avaient en effet le droit, mais qu'ils n'en avaient pas encore profité. La décision fut prise rapidement, et chacun se prépara à s'aventurer dans les rues dublinoises. Une fois que tout le monde fut prêt, le groupe retrouva l'air frais du dehors, dont ils n'avaient plus joui depuis plusieurs jours déjà. Par chance, leur destination était juste en face de l'hôtel. Autrement dit, il leur fallait commencer par s'intéresser au lieu où les pokémon s'étaient battus. Qui sait, peut-être quelques indices pourraient être relevés ?
Les londoniens se séparèrent pour que chacun pût observer attentivement une parcelle de l'avenue pleine de décombres. Sandra prit part elle aussi à l'inspection de son côté, ayant pris son sac qui contenait tant de choses aussi mystérieuses. Comme toujours, Gabrielle voletait à ses côtés.
La tâche fut ardue, car ce qui ressortait le plus étaient bien sûr les traces de matériaux divers, calcinés ou trempés. Cependant, quelqu'un devait bien trouver quelque chose à un moment ou à un autre ...
« Eh ! Venez voir, tous ! »
Ils obéirent, se rassemblant à nouveau autour de Luke, qui montrait une sorte d'étrange mare. Incolore, le seul détail qui la distinguait des flaques d'eau était qu'elle semblait bouillonner doucement. Les rochers paraissaient se désagréger à l'intérieur, et leur partie immergée semblait couverte de bulles d'air par milliers. Si c'était bien de l'air. Un morceau de papier qui semblait à moitié calciné se trouvait au milieu, aussi le garçon voulut tenter de le ramasser, pensant à un quelconque indice. Cependant, son mentor l'en empêcha vivement. Il valait mieux ne pas s'approcher d'un tel liquide sans savoir de quoi il s'agissait.
La jeune étrangère sembla réfléchir et jeter des regards furtifs autour du groupe. Personne d'autre ne les regardait, aussi se décida-t-elle à sortir de sa besace un petit appareil ressemblant à un rectangle noir. Ses amis lui jetèrent des regards interrogateurs, mais elle n'y prit pas garde et l'alluma. Le tenant de la main gauche, son index droit dansa sur l'écran nombre de fois, ce qui changeait l'image qu'il affichait. Tous la regardèrent comme ils pouvaient, ne comprenant rien à ce qui se produisait. Seuls l'enfant et le pokémon qui était posé sur sa tête comme à son habitude trouvaient ce geste simple et naturel. Finalement, la jeune fille fit un pas en avant et fit comme si elle s'en servait pour prendre la flaque en photographie.
« C'est un appareil photo ? demanda Emmy. On ne dirait pas ...
- Il peut prendre des photos, mais ce n'est pas l'option que j'utilise sur le moment. »
Le silence retomba. L'adolescente maintenait toujours sa mystérieuse machine entre ses deux mains, de manière à avoir sur l'écran la flaque dans son intégralité. Rien ne semblait se produire, mais elle et l'écureuil demeuraient les seuls à comprendre ce qu'il se passait réellement. L'assistante du professeur reprit au bout d'un moment, troublée.
« Un appareil photo sert à prendre des photographies. A quoi d'autre veux-tu que ton engin serve ? Et que fais-tu, au juste ? »
Comme pour lui répondre, l'écran s'obscurcit soudainement avant d'afficher une liste de légendes à l'image qu'il affichait de la flaque verte.
« CH3COOH, ou acide acétique à quatre-vingt-dix-huit pour cent : liquide incolore, faiblement conducteur, inflammable et hygroscopique*. Peut-être explosif dans certaines conditions. PH environnant les un virgule quarante-huit*, répliqua-t-elle en lisant les informations données. Vous avez bien fait d'empêcher Luke d'y mettre le doigt, Professeur. Même si c'est l'acide du vinaigre, il est très corrosif, surtout s'il est aussi concentré que dans le cas présent. Je vous conseille tous de reculer d'ailleurs, les vapeurs le sont aussi.
- Attends, tu veux dire que c'est en prenant une photo que cet objet a été capable de dire de quoi il s'agissait ? demanda Flora, perplexe.
- Il est programmé pour ça, oui, sourit Sandra en rajustant ses lunettes. En revenant à cette petite mare, le plus probable est que ce soit le nostenfer qui... »
La jeune fille s'interrompit d'elle-même.
« Excusez-moi. Je parlais de la « chauve-souris mauve ». Il est très probable qu'elle en soit l'origine.
- Tu n'as pas à t'excuser, Sandra, coupa le gentleman avec un léger sourire. C'est le nom que l'on donne à son espèce là d'où tu viens, je ne me trompe pas ? C'est évident pour toi, puisque tu viens du même endroit qu'eux. Il est normal que tu agisses selon tes habitudes. »
L'homme marqua une pause, avant de continuer en changeant très légèrement de sujet.
« On dirait que la technologie est plus avancée chez toi qu'ici, non ?
- Possible. », répliqua Sandra avec une once de nervosité.
Cette fois, Sandra reprit après un bref silence, en abordant un thème tout autre.
« Si l'incendie a été particulièrement fort le jour de la fête, cela devait être dû à l'inflammation – voire l'explosion – de l'acide ... Mais nous devrions passer à un autre détail, toutes les informations nécessaires sont prises en note là-dedans, ajouta-t-elle en montrant sa petite machine.
- Et ce morceau de papier ? demanda Luke. D'où vient-il ?
- Si tu y tiens ... »
L'adolescente sortit de son sac une petite pince et tenta de ramasser ce qui attisait la curiosité de son ami, mais la feuille jaunâtre était visiblement trop loin pour qu'elle en soit capable. Et il était bien sûr hors de question de ne mettre ne serait-ce qu'un pied dans la mare d'acide pour pouvoir le prendre. Le professeur d'archéologie demanda à essayer, se saisit de la pince de métal et attrapa délicatement le feuillet par un coin. Cependant, le liquide corrosif l'avait déjà beaucoup abîmé, et une bonne partie était calcinée. Il n'y avait pas grand-chose à en tirer, étant donné que quasiment toute l'encre s'était désagrégée. En fin de compte, leurs efforts furent vains même s'ils avaient porté leurs fruits.
« Il y avait de toute manière peu de chances qu'il soit un indice particulièrement important, prononça Emmy comme pour s'en convaincre. Nous devrions en effet passer à autre chose ... »
Les recherches continuèrent, sans succès. Les traces de brûlures n'avaient rien de particulier, pas plus que les nombreuses flaques d'eau. Ou encore les éclats de verre, dus aux vitres des réverbères qui avaient explosé. Il n'y avait visiblement plus rien à inspecter dans l'avenue. Le groupe se reforma et s'éloigna vers une direction plutôt hasardeuse, espérant trouver autre chose d'intéressant.
Le professeur Layton remarqua que l'étrangère avait toujours dans ses mains le mystérieux appareil et continuait de s'en servir. Apparemment, elle ne regardait pas les informations qu'il donnait à propos de l'acide, mais autre chose. Il vit également qu'elle marchait en retrait, et plus lentement que les autres. Elle avait vu quelque chose dont elle ne voulait peut-être pas particulièrement parler. Il tenta tout de même malgré tout d'obtenir une réponse à sa question.
« Que se passe-t-il, Sandra ? »
La jeune fille sursauta avant de porter son regard vers l'homme au haut-de-forme. Elle baissa les yeux, montrant qu'elle n'était pas à son aise, avant de répliquer :
« N'allez pas par là.
- Et pourquoi donc ? demanda Luke, surpris. Qu'est-ce qu'il y a dans cette direction ? »
L'adolescente releva la tête, portant sur ses amis un air grave qui les intimida légèrement.
« N'y allez pas. S'il vous plaît. »
L'adulte resta malgré tout sceptique.
« Sandra, que se passe-t-il ? Il y a quelque chose au bout de cette allée, et si tu refuses de nous le dire, nous irons le voir par nous-mêmes.
- Je vous en prie, enquêtez ailleurs ! » s'écria-t-elle, perdant tout sang-froid.
Le gentleman se tourna complètement vers l'enfant. Elle serrait les poings et les dents, son regard légèrement agrandi par ses lunettes montrait l'importance qu'elle y attachait. Pour elle, ils ne devaient pas continuer leur marche.
« Et si ce que tu cachais se trouvait justement dans cette direction ? C'est pour cela que tu ne veux pas que nous y allions, n'est-ce pas ? »
Elle sursauta une nouvelle fois avant d'essayer de hocher nerveusement la tête négativement. Mais ce fut inutile, il était bien trop visible qu'elle n'était pas sincère. Ayant compris qu'il ne lui faisait plus confiance sur ce point, elle répéta, sur un ton encore plus suppliant qu'avant.
« Je vous en prie ... Vous en savez déjà beaucoup trop ... »
L'archéologue garda son scepticisme.
« Pourquoi tiens-tu tellement à ce que nous ignorions tous les détails de l'affaire ? Ne nous fais-tu pas confiance ? Et, s'il-te-plaît, ne dis pas...
- ... Que je n'ai pas le droit de vous le dire ? coupa-t-elle d'un ton tremblant, ayant deviné la réplique de l'homme. Que voulez-vous que je vous dise d'autre ? »
Flora allait répliquer, lorsqu'elle continua :
« Bien sûr que je vous fais confiance. Si je ne vous ai rien dit, c'est parce que vous devez ignorer. Personne n'était censé connaître les pokémon ici, tout ceci n'aurait jamais dû se produire. Jamais.
- Cette affaire nous concerne, Sandra, prononça froidement l'adulte, fronçant les sourcils. Il est normal que...
- Non, Professeur, contesta l'enfant sur un ton encore plus grave et sérieux que jamais. Cette histoire ne vous concerne pas. Elle ne concerne personne ici. Personne. Je le répète, tout ceci n'aurait jamais dû se produire. »
Sandra n'avait jamais été aussi entêtée, et elle semblait à la fois nerveuse et sûre d'elle. Les londoniens commençaient à ne plus comprendre ce qu'elle avançait. Elle tremblait tellement elle était crispée et mal à l'aise. Elle était sincère, et cela se voyait que l'envie de s'expliquer face à ses amis lui montait au nez. Cependant, elle ne le devait pas. Pas maintenant. Elle n'avait pas le droit. Qu'elle le veuille ou non, qu'elle puisse leur faire confiance ou non. Parce qu'ils ne devaient pas être concernés. Pas maintenant.
Ne réfléchissant plus à ses actes, elle traversa le groupe en courant suivie par Gabrielle, avant de se précipiter vers la fameuse issue où elle ne voulait pas que ses amis se rendent. Sans réfléchir non plus, ceux-ci la suivirent, prenant la même allure.
« Sandra ! Où vas-tu donc ? » cria le gentleman à son intention.
L'étrangère ne répondit pas, s'élançant de plus belle à travers le trottoir. Elle prit soudainement un croisement, que Luke reconnut bientôt comme une impasse.
« Professeur ! Elle est coincée ! »
L'écureuil volant la suivit sans hésitation malgré tout. Lorsque le professeur d'archéologie et ses assistants arrivèrent enfin au croisement et se tournèrent vers le cul-de-sac, ils remarquèrent tous avec un effarement perplexe qu'elles avaient toutes deux disparu.
« Mais que s'est-il passé ? demanda Emmy, ne s'attendant cependant pas à une réponse.
- Elle serait rentrée « chez elle » ... Serait-ce cela qu'elle voulait tant nous cacher ? »
Le groupe se décida à entrer dans la ruelle, cherchant vainement quoi que ce soit de suspect, qui aurait pu leur donner un indice. Au bout d'un moment, Flora remarqua soudainement un papier au sol, qu'elle s'empressa de ramasser et de montrer à ses amis.
« Je reviendrai vous débarrasser une bonne fois pour toutes du fléau qui menace cette ville, vous n'avez pas à vous en inquiéter. Oubliez tout. Le problème qu'ils posent sera résolu, très bientôt, mais le mystère ne doit pas être élucidé. Vous devez oublier. Tous. Même si je peux vous faire confiance. Vous m'en voyez désolée, mais cela doit en être ainsi, du moins pour le moment.Sandra »
Le professeur remarqua que le papier portait quelques traces mouillées. Des larmes. En les combinant au comportement de l'enfant, il crut comprendre qu'elle se sentait en effet en devoir de leur expliquer. Non, si elle ne le pouvait pas, c'est que cela ne venait pas d'elle. Quelqu'un lui interdisait de raconter. Cependant, qui ?
Note :
* : Un produit hygroscopique a la particularité d'absorber l'eau, de plusieurs manières différentes possibles.
* : Le PH est – plus ou moins – le taux d'acidité d'un produit, solide ou liquide. L'échelle va de 0 à 14, 0 étant le maximum d'acidité. Le PH de l'eau se rapproche généralement de 7. Tout PH au-dessus de 7 est considéré comme une « base ».
Re: Créatures à Dublin
Très joli ^^
(Commentaire absolument pas constructif mais totalement sincère...)
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